Wall Street reste suspendue au sort de l’automobile

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écembre 2008 (Photo : Spencer Platt)

[13/12/2008 07:12:20] NEW YORK (AFP) Ballottée par les annonces et les reculades des hommes politiques américains, la Bourse de New York espère pour la semaine prochaine l’épilogue du psychodrame autour de ses constructeurs automobiles, avec déjà en tête la clôture des comptes de fin d’année.

“Le marché a tenu, c’est très impressionnant vu les nouvelles auxquelles il a été confronté”, juge Marc Pado, analyste pour Cantor Fitzgerald.

Car au final, la première place financière mondiale a fait preuve d’une stabilité qu’elle n’avait plus connue depuis des mois: son indice vedette, le Dow Jones, a fini vendredi à peine sous son niveau de la semaine précédente, en baisse de 0,07% sur la semaine, à 8.629,68 points.

Le Nasdaq, à dominante technologique, a réussi à prendre 2,08%, à 1.540,72 points, et l’indice élargi Standard & Poor 0,42%, à 979,73 points.

Dans le même temps, le marché obligataire, refuge de l’investisseur inquiet, a continué de battre des records. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, a reculé à 2,589%, contre 2,657% vendredi dernier. Celui à 30 ans est tombé à 3,064%, contre 3,110%.

Brièvement mardi, pour la première fois de l’histoire américaine, le rendement du bon à quatre semaines est passé en territoire négatif. C’est le prix de la sécurité absolue qu’offrent les titres du Trésor.

Les mauvaises surprises ont en effet continué de s’enchaîner, entre statistiques économiques désastreuses et entreprises qui multiplient les avertissements sur résultats, comme le chimiste Dow Chemicals, le groupe diversifié 3M, le fabricant de composants électroniques Texas Instruments ou le groupe de messagerie FedEx.

Surtout, la semaine s’est achevée comme elle avait commencé: sans plan de sauvetage pour l’industrie automobile, feuilleton qui a soufflé le chaud et le froid sur la place financière alors que les parlementaires tentaient d’y mettre une main finale.

“C’est un marché dirigé par l’émotion plus que par les fondamentaux”, estime Lindsey Piegza, de FTN Financial. Il “a déjà intégré les données économiques, parce qu’elles vont toutes dans le même sens: ça va très très très mal”, ajoute-t-elle.

D’où peut-être la semaine prochaine “un rebond de soulagement, parce qu’il y a tellement d’incertitudes et qu’il y a tellement de plans (des autorités, ndlr) mis en oeuvre, surtout avec l’administration Obama qui prend de plus en plus d’importance sur ce qui se décide à Washington”, veut croire Lindsey Piegza.

La lueur d’espoir est d’ailleurs venue du président élu américain Barack Obama, qui a permis à Wall Street de démarrer la semaine sur une note positive en annonçant un massif plan de relance axé sur les infrastructures.

Dans ce contexte, les investisseurs vont surtout attendre une décision finale pour les “Big Three” de Detroit (Michigan, nord), General Motors, Ford et Chrysler. Devant l’incapacité du Congrès à agir, la Maison Blanche s’est dite prête à recourir aux fonds prévus pour le secteur financier pour les aider à traverser leur mauvaise passe actuelle.

Une conclusion à ce boulet accroché depuis des semaines à la cheville de la place new-yorkaise “apporterait une bouffée d’air”, dans une semaine qui devrait apporter de nouveaux signes de la profondeur de la crise, souligne M. Pado.

Dans un marché qui reste sensible aux dégâts subis par les sociétés, une fournée de résultats trimestriels seront observés, en premier lieu ceux des banques d’affaires Goldman Sachs mardi et Morgan Stanley mercredi. Ils seront suivis de Nike, FedEx, et dans le secteur technologique, Accenture, Oracle et Research in Motion (le fabricant du téléphone BlackBerry).

Et si les statistiques économiques ne surprennent plus grand monde, l’indice de l’activité industrielle à New York et de la production industrielle dans le pays, lundi, et l’indice de l’activité dans la région de Philadelphie jeudi seront regardés par les investisseurs.

Autre rendez-vous économique de la semaine, la banque centrale devrait, à en croire les économistes, annoncer mardi une baisse de son taux d’intérêt à un niveau historiquement bas. Et peut-être des mesures inédites pour relancer la machine économique.

Pour Marc Pado, l’approche de la fin de l’année pourrait peser sur le marché: “de nombreux investisseurs vont devoir lever de l’argent avant la fin de l’année” et risquent d’être poussés à la vente.

Avant deux semaines raccourcies par les fêtes de fin d’année (la Bourse sera fermée pour Noël et le jour de l’An), il s’agira pour beaucoup du dernier moment pour ajuster son portefeuille d’actions, selon l’analyste.

Nasdaq