ère allemande, Angela Merkel, le 15 décembre 2008 à Berlin (Photo : Clemens Bilan) |
[15/12/2008 11:47:25] BERLIN (AFP) Angela Merkel lâche du lest: après avoir beaucoup renâclé, la chancelière allemande, candidate à sa propre succession dans dix mois, semble prête à lancer de nouvelles mesures de relance économique mais compte aussi sur la bonne volonté des entreprises.
Le principe d’un “deuxième plan”, en complément des mesures de 31 milliards d’euros déjà annoncées à l’automne, était quasiment acquis lundi, au lendemain d’un sommet qui a réuni le gratin de l’économie allemande autour de Mme Merkel.
Mais le gouvernement de grande coalition, composé de sociaux-démocrates et de conservateurs, n’entend pas travailler seul pour tirer la première économie européenne du marasme.
“Nous allons discuter avec les 30 entreprises du Dax (l’indice boursier vedette allemand) des possibilités de renoncer à tout licenciement sec l’an prochain”, a dit lundi le porte-parole de Mme Merkel, Ulrich Wilhelm.
En échange d’un tel engagement, le gouvernement pourrait rémunérer les salariés pendant des périodes de chômage technique allant jusqu’à 18 mois.
Un jeu gagnant-gagnant. D’un côté pour les entreprises qui conservent leur personnel en attendant que les affaires reprennent, alors que le vieillissement de la population et le manque de travailleurs qualifiés compliquent le recrutement en Allemagne.
L’équipe de Mme Merkel pourra quant à elle se vanter de voler au secours de l’emploi, alors que la chancelière est candidate à sa propre succession à l’issue des élections législatives de septembre 2009.
Un tel accord risque toutefois de laisser de côté les nombreuses et dynamiques PME allemandes pour se limiter aux grandes entreprises, dont beaucoup sont d’ores et déjà tenues par des conventions collectives de renoncer à des licenciements pendant plusieurs années.
Au total selon la presse, Berlin pourrait décider d’un effort supplémentaire de 30 milliards d’euros.
Il y a urgence: l’Allemagne, première exportatrice au monde et grande spécialiste de l’industrie lourde, est frappée de plein fouet par le ralentissement des commandes internationales pour ses voitures, ses machines-outils ou ses produits chimiques.
Le gouvernement s’attendrait même à un recul de 2% du Produit intérieur brut (PIB) l’an prochain, la pire récession de l’histoire allemande récente, rapporte le magazine Der Spiegel.
Pour compenser la débâcle des exportations, qui pèsent 40% du PIB, Berlin devrait miser gros dans son prochain plan sur un autre moteur économique: la consommation des ménages. Elle est toutefois chroniquement déprimée dans ce pays d’épargnants qu’est l’Allemagne.
Pour inciter à la dépense, le gouvernement pourrait proposer des bons à la consommation et des baisses d’impôt. Le ministre de l’Economie Michael Glos, fervent partisan d’une baisse de la pression fiscale, s’est dit lundi “plutôt sûr que des baisses d’impôt seront de la partie”, dans une interview à la chaîne ZDF.
La chancelière va devoir arbitrer entre les revendications de ses propres troupes conservatrices, avocates de l’allègement fiscal, et les aspirations des sociaux-démocrates, partisans de programmes de grands travaux.
Au premier rang de ces sociaux-démocrates, le ministre des Affaires étrangères et futur adversaire de Mme Merkel aux élections, Franz-Walter Steinmeier. Il a d’ores et déjà réclamé des investissements publics massifs dans les écoles, les crèches et les communes.
La chancelière va aussi devoir convaincre les puissants Etats régionaux de mettre la main à la poche.
“Nous avons besoin autant de mesures à court terme que de programmes de long terme”, a dit lundi M. Wilhelm d’un ton conciliant. Il a promis des décisions “en janvier”, après l’investiture aux Etats-Unis du président élu Barack Obama.