à Charenton-Le-Pont (Photo : Joel Saget) |
[15/12/2008 15:15:53] PARIS (AFP) La série noire continue pour les banques françaises qui, après avoir payé les pots cassés de la crise financière, pourraient encore perdre des centaines de millions d’euros du fait de la gigantesque escroquerie du fonds Madoff aux Etats-Unis.
Cette arnaque de 50 milliards de dollars, organisée par le courtier américain Bernard Madoff et qui éclabousse toutes les grandes banques mondiales, tombe au plus mal pour les françaises qui se relevaient à peine d’un quatrième trimestre difficile.
La faillite de Lehman Brothers à la mi-septembre s’était déjà soldée par une perte de près de 2 milliards d’euros pour celles qui avaient des engagements auprès de la banque américaine. Et la crise financière leur a coûté au total quelque 20 milliards.
En outre, l’extrême instabilité des marchés a conduit certaines d’entre elles, Caisse d’Epargne et sa filiale Natixis, à perdre à nouveau gros en octobre (1,2 milliard).
Cette dernière, qui cumule les revers depuis sa création il y a deux ans, pourrait perdre jusqu’à 450 millions d’euros dans l’affaire Madoff, ce qui en fait pour l’heure la banque française potentiellement la plus affectée.
Vient ensuite BNP Paribas (350 millions d’euros). Société Générale, qui a déjà perdu en début d’année 4,9 milliards dans l’affaire Kerviel, s’en sort cette fois à bon compte (“moins de 10 millions d’euros”), de même que Crédit Agricole.
Le secteur de l’assurance n’est pas épargné: Axa a annoncé une exposition “bien inférieure” à 100 millions d’euros.
èges de la banque BNP Paribas, à Paris (Photo : Eric Piermont) |
D’après les experts, cette fraude, très dommageable aussi pour l’image des banques et du monde financier, devrait toutefois être sans conséquence pour les particuliers.
Seuls en effet les grands investisseurs devraient y laisser des plumes, à l’instar des banques qui leur ont prêté de l’argent.
En France, contrairement aux Etats-Unis, les investissements dans les fonds spéculatifs tels ceux gérés par Bernard Madoff sont réservés aux “investisseurs qualifiés”: les établissements de crédit, les entreprises d’une certaine taille et les particuliers fortunés ayant un million d’euros investi en Bourse et deux années d’expérience sur les marchés, explique Dov Ogien, professeur de finances à l’Ecole supérieure de gestion.
La législation protège donc les particuliers “car la banque n’a pas le droit de leur vendre un produit d’investissement à haut risque sans leur accord”, ajoute-t-il.
Pour cet expert, “l’investisseur qualifié est considéré par l’Autorité des marchés financiers (AMF) comme celui ayant la possibilité d’assumer ses pertes sur les marchés financiers”.
Et s’il veut se retourner contre Bernard Madoff, il y a peu de chance que la justice lui donne raison. “Dans le passé, quand des créanciers se sont regroupés pour mener une action en justice, cela n’a jamais abouti”, rappelle M. Ogien.
En Espagne, des clients de la banque Santander qui avait placé leur argent dans un fonds spéculatif lui-même investi dans un fonds Madoff pourraient ainsi voir partir en fumée quelque 2,33 milliards d’euros du fait de cette fraude présumée.
La Bourse de Paris, en tout cas, a accusé nettement le coup, manifestant son inquiétude à l’égard des banques. A la mi-journée, le titre BNP Paribas perdait 7%, Natixis 5%. Société Générale, moins exposée à la fraude, réussissait à tirer son épingle du jeu, évoluant en légère hausse.