éroport de Roissy, le 3 septembre 2008 (Photo : Pierre Verdy) |
[15/12/2008 19:12:27] PARIS (AFP) Les compagnies aériennes tardent à répercuter la chute vertigineuse du pétrole sur leurs “surcharges carburant”, trop élevées au goût des consommateurs et des agences de voyage qui ont du mal à expliquer ce retard à leurs clients.
Les surcharges carburant, “c’est la plus grande escroquerie de la décennie”, s’est emporté Jean-Pierre Mas, président du réseau d’agences d’Afat Voyages, estimant que les compagnies aériennes devraient arrêter d'”embrouiller le consommateur”.
Pour un billet aller-retour long-courrier d’Air France, “il y a un écart de surcharge de 100 euros entre novembre 2008 et novembre 2005, alors que le carburant était exactement au même prix”, à savoir 55 dollars le baril en moyenne sur le mois, a-t-il assuré.
M. Mas, qui s’exprimait devant les délégués de son réseau réunis ce week-end en convention à Venise, milite pour l’intégration des surcharges dans le tarif de base du billet, au lieu de les répertorier à part et de les assimiler à des taxes.
Une vision partagée par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir qui dénonce “un mécanisme opaque”: “tant qu’il y a des surcharges, cela prête toujours à suspicion”, estime François Carlier, directeur-adjoint des études.
“Au lieu de garder des surcharges trop longtemps, alors que le pétrole baisse, il serait plus pertinent d’intégrer dans le billet l’évolution au jour le jour du prix du kérosène”, propose-t-il.
Conséquence de la crise, les prix du pétrole ont dégringolé, s’échangeant lundi autour de 50 dollars le baril, soit trois fois moins que le record de 147,50 dollars atteint le 11 juillet.
La dernière baisse de la surcharge carburant d’Air France remonte au 7 novembre: pour un billet aller-retour long-courrier, elle a reculé de 20 euros à 172 euros. Par rapport à juillet (242 euros), la baisse est de 29%.
“Le prix du jet fuel, carburant que nous utilisons pour faire voler nos avions, baisse beaucoup moins vite que celui du baril de brent”, a fait valoir un porte-parole d’Air France sans chiffrer ce décalage. Autre facteur pesant sur la facture pétrolière, la hausse du dollar par rapport à l’euro.
Si Air France a pu résister mieux que ses rivaux à la crise grâce à ses achats de couverture (la compagnie achète son kérosène à un prix fixé à l’avance), l’effet de cette politique est devenu “négatif” depuis que le prix du pétrole est tombé en dessous des 70 dollars en octobre, selon le groupe.
Lufthansa et British Airways n’ont pas été plus prompts à répercuter la baisse du pétrole sur les surcharges, la diminuant respectivement deux et une fois depuis septembre, contre trois fois pour Air France.
“Les clients qui viennent nous voir sont persuadés que la chute du pétrole fait baisser le prix des billets, ils s’attendent à des super tarifs” et repartent bredouille, constate Thierry Debourg, directeur de l’agence Debourg Voyages à Limoges.
“Il y a une réactivité plus forte lorsque le prix du pétrole augmente que quand il baisse. C’est pareil pour les prix à la pompe et le gaz”, s’insurge Thierry Saniez, délégué général de l’association de consommateurs CLCV.
“Les consommateurs ont le sentiment de se faire flouer” ce qui risque de déboucher sur un “climat de défiance, au moment où l’on traverse une crise économique très grave”, prévient-il.
La compagnie aérienne irlandaise Aer Lingus a donné l’exemple vendredi dernier, en supprimant sur tous ses vols la surcharge carburant, qui atteignait jusqu’à 198 euros pour un aller-retour long-courrier.