Corruption : en payant environ 1 milliard d’euros, Siemens limite la casse

[15/12/2008 22:20:08] BERLIN (AFP)

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ège de la compagnie à Munich (Photo : Oliver Lang)

Le conglomérat allemand Siemens a limité la casse en acceptant lundi de payer environ un milliard d’euros à la justice allemande et américaine, tournant ainsi la page d’un scandale de corruption qui aurait pu lui coûter bien plus cher.

Tout à son soulagement, le patron du groupe Peter Löscher s’est dit “heureux et soulagé (d’avoir) atteint ce résultat fantastique en un temps record. C’est le plus beau des cadeaux de Noël”, selon une interview à l’édition internet du quotidien Bild.

Huit cents millions de dollars, soit 620 millions d’euros selon la conversion réalisée par Siemens, c’est ce qu’ont réclamé l’autorité boursière américaine (SEC) et le ministère américain de la Justice pour passer l’éponge hors tribunal sur une affaire de pots-de-vin sans précédent.

Coté à la Bourse de New York, Siemens, qui fabrique aussi bien des trains que des centrales électriques, est en effet soumis à la juridiction américaine.

Le groupe allemand a aussi décidé de nommer un “observateur éthique” chargé d’informer régulièrement les Etats-Unis: Theo Waigel, ministre des Finances d’Helmut Kohl entre 1989 et 1998.

Pour solder définitivement les comptes, Siemens va aussi payer 395 millions d’euros à la justice allemande pour “contrôle de gestion insuffisant”, a-t-il annoncé lundi.

La provision de 1 milliard d’euros déjà constituée par le conglomérat centenaire pour couvrir les sanctions va donc suffire.

S’y ajoutent 2,5 milliards d’euros déjà dépensés pour régler d’autres amendes, ou payer avocats et experts-comptables.

“Siemens referme un chapitre douloureux de son histoire” a commenté le président du conseil de surveillance, organe de contrôle du groupe, Gerhard Cromme.

Depuis deux ans, le groupe aux 430.000 salariés ne vivait qu’au rythme des démissions fracassantes de dirigeants et des révélations sur les pots-de-vin versés pour décrocher de gros contrats internationaux.

Jusqu’ici, le montant des caisses noires est estimé à 1,3 milliard d’euros.

Le scandale aurait pu coûter beaucoup plus cher à Siemens: les spéculations allaient bon train depuis des mois sur une amende de plusieurs milliards d’euros de la part de la seule SEC.

Pire encore: le groupe aurait pu être banni des procédures d’appel d’offres aux Etats-Unis, au moment où la nouvelle administration américaine veut lancer des programmes géants d’investissement.

Le syndicat IG Metall, gagné par la satisfaction générale, s’est fendu d’un hommage à MM. Cromme et Löscher: “ils ont notre confiance et notre soutien, c’est avant tout à eux que nous devons” les accords en Allemagne et aux Etats-Unis, a dit lundi le dirigeant de la centrale, Berthold Huber.

Mission accomplie donc pour l’Autrichien Peter Löscher, en poste depuis un an et demi avec pour première préoccupation de tirer un trait sur le scandale.

Premier patron de Siemens recruté en externe, il en a profité pour bousculer une entreprise pétrie de traditions.

Il a simplifié la structure et s’est débarrassé des activités les moins rentables, non sans casse sociale puisque 16.000 emplois ont été supprimés.

Siemens est aujourd’hui l’une des rares entreprises allemandes à tenir tant bien que mal tête à la crise économique mondiale, et n’a jusqu’ici pas revu en baisse ses objectifs de résultats.

Mais le groupe de Munich n’a pas dit son dernier mot dans l’affaire de corruption. Il entend réclamer des dommages-intérêts à son ancienne direction et surtout à son ancien patron Heinrich von Pierer, autrefois conseiller d’Angela Merkel.