Jean-Philippe Collin, DG Peugeot : “Nous restons optimistes pour le 3ème trimestre 2009”

L’un des secteurs les plus touchés par la crise économique
dans laquelle le monde est plongé en ce moment, est le secteur de l’industrie
automobile. En effet, depuis quelques mois le marché de l’automobile est plutôt
morose : chômage technique, plans de départs volontaires, ralentissement de la
production voire arrêt de la production pour quelques semaines… Des mesures
urgentes et rapides pour faire face à l’accumulation des stocks de plus en plus
importante à cause du fléchissement de la demande.

En visite en Tunisie pour l’inauguration du Centre logistique national des
pièces de rechange Peugeot, nous avons rencontré M. Jean-Philippe Collin,
directeur général d’Automobiles de la marque du lion. Entretien.

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Comment Peugeot vit-elle la crise économique?

Jean-Philippe Collin: 2008 est une année difficile pour l’automobile.
Nous avons, bien entendu, eu un peu plus de difficultés dans la deuxième
partie de l’année qui est très difficile sur tous les marchés alors que pour
la première partie de l’année, il y avait quelques marchés importants pour
Peugeot qui ont basculé dans le négatif comme l’Espagne, le Royaume-Uni ou
l’Italie. La crise s’est malheureusement répandue de façon assez uniforme en
Europe mais on peut dire aussi dans le monde : la Russie, l’Amérique du Sud,
la Chine…

Ceci ne peut pas ne pas avoir de conséquences sur les constructeurs même
les meilleurs et donc nous avons bien entendu à faire face aux conséquences
de la baisse des demandes.

Quelles sont les décisions les plus importantes que vous avez prises pour
faire face la régression du marché automobile?

Nous avons décidé de baisser notre production. Nous étions parmi les
premiers à le faire aussi rapidement d’ailleurs : la plupart de nos usines
en Europe seront fermées à partir de la semaine prochaine (semaine 49) et
rouvriront leurs portes vers le 5 janvier 2009. Nos concurrents sont en
train de prendre les mêmes décisions; nous savons que ceci aura des
conséquences à court terme sur le monde de la sous-traitance des composantes
de l’automobile. Nous ne pouvons le nier, ce serait d’ailleurs irréaliste.

Pensez-vous que cette crise durera?

Le premier trimestre semble malheureusement faible sur l’ensemble des
marchés, même ceux de l’Amérique du Sud et le marché russe; le deuxième
trimestre le sera aussi. Il est très difficile de parler de prototypes au
deuxième semestre. Cependant, nous restons optimistes sur le moyen terme.

Pour le groupe PSA et en particulier Peugeot, nous comptons lancer des
véhicules de conquête en 2009, c’est-à-dire des véhicules appartenant à des
segments d’automobile sur lesquels nous n’existions pas. Il y en a deux, le
premier c’est un véhicule que nous avons exposé au Salon Mondial de
l’Automobile de Paris, qui est en fait un «cross-over».

Quant au deuxième, c’est un monospace. Peugeot compte introduire le
cross-over au printemps 2009 et le monospace en automne de la même année.
Nous avons choisi d’avoir un positionnement extrêmement économique et
écologique pour ces deux véhicules, puisque le cross-over sera le moins
émissif sur le marché et ça sera de même pour le monospace.

Nos produits sont aujourd’hui très bien placés en matière de consommation
d’hydrocarbures, ce qui constituera un facteur décisif pour l’acheteur
potentiel en ces temps de crise. Le coût d’utilisation sera un facteur clé,
et là, nous sommes très bien positionnés avec des chiffres qui sont tout à
fait élogieux par rapport au marché. Un seul chiffre : une voiture sur six
en Europe, en dessous de 125 gr de CO2, est une Peugeot, c’est exactement
deux fois notre part totale de marché sur l’Europe. Instantanément, la
législation n’autorisera plus la circulation des véhicules en dessus de 125
gr de CO2. Ceci nous permettra de multiplier par deux notre part de marché.

Nous restons vigilents. Nous continuons à investir de manière
substantielle dans le développement de nos produits. Nous introduisons de
nouveaux produits sur le marché. Il y a des moments difficiles à passer. Des
discussions ont aujourd’hui lieu en Europe sur la relance de la demande à
court terme. Plus que la crise économique, il existe une crise de confiance
de la part des consommateurs liée entre autres aux crédits. Car un véhicule
est souvent acheté à crédit. Ce manque de confiance par rapport aux crédits
est l’une des conséquences de la crise financière. Le premier signe de la
fin de la crise sera la reprise de la confiance.

Quel avenir pour l’industrie automobile en ces temps troubles?

Il est difficile de faire des prévisions surtout en ce qui concerne
l’avenir, ce n’est pas moi qui le dis, c’est Woody Allen. On pense
malheureusement que les premier et 2ème trimestres seront difficiles. Nous
restons optimistes pour le 3ème trimestre. Ce que nous faisons actuellement,
c’est de nous préparer à tous les scénarios possibles y compris ceux qui
sont optimistes et qui envisagent une reprise rapide. On sait que dans une
météo difficile, il est important de saisir toutes les opportunités.

Est-ce que l’Afrique pourrait présenter un marché alternatif à l’Europe ?

Dans une crise, il faut retourner toutes les pierres et étudier toutes
les opportunités. Peugeot est présent dans 166 pays sur le plan commercial.
Nul ne doute que 166 pays c’est 166 risques ou 166 opportunités. Bernd
Schantz, notre directeur du Commerce international, n’a jamais autant voyagé
parce que, justement, il faut aller chercher les opportunités. Le commerce
c’est cela : ne pas se lamenter sur les risques mais les contrôler et
surtout être le premier à sortir de la crise le plus vite et en plus fort.

Je pense que dans chaque crise il faut une bonne préparation. Il faut
être bien armé. Deuxième facteur très important, c’est la réactivité, je
crois que la crise est dure mais les opportunités restent un facteur clé
dans la situation actuelle.

Ce que nous pouvons observer aujourd’hui, c’est que le Maghreb se porte
plutôt bien comme marché dans le cadre de la crise mondiale dont on souffre
aujourd’hui; donc, nous allons bien sûr nous focaliser sur cette zone et
essayer de profiter des opportunités qu’elle présente. Je viens de prendre
la température pour le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, ces pays se portent
relativement bien compte tenu du contexte général, donc nous allons les
suivre particulièrement.

Qu’en est-il du marché tunisien en particulier ?

Nous présentons des offres de produits parfaitement adaptées au marché
tunisien. Nous sommes très confiants en la capacité de la STAFIM à gérer la
situation. Je suis particulièrement satisfait et optimiste par rapport au
marché tunisien, c’est un marché de très grande maturité.