SNCF : le marché parallèle des billets fait florès sur le net

photo_1229416896179-1-1.jpg
élivre un billet de train à un voyageur au guichet de la gare de Caen (Photo : Mychele Daniau)

[16/12/2008 08:42:54] PARIS (AFP) Face à la multiplication des billets SNCF non échangeables et non remboursables, conjuguée à un pouvoir d’achat en berne, de plus en plus de voyageurs se tournent vers des sites spécialisés pour revendre leur ticket ou trouver des trajets à petit prix jusqu’au dernier moment.

Environ 500 personnes proposent ainsi chaque jour un billet de train à vendre sur www.trocdesprems.com et “entre 350 et 400” trouvent preneurs, la plupart dans la journée, explique Bernard Thomas, qui a fondé le site en 2005.

Après avoir échoué lui-même à revendre des billets non remboursables et non échangeables sur la toile, il a décidé de créer ce site gratuit pour permettre aux voyageurs de revendre leurs tickets, un système légal tant qu’ils ne sont pas nominatifs.

D’autres sites offrent le même service comme www.kelbillet.com, www.zepass.com… où des milliers d’offres et de demandes de billets sont disponibles en permanence. A charge pour l’acheteur d’envoyer un mail ou d’appeler directement le vendeur.

Avec 15.000 visiteurs par jour, le trafic de Trocdesprems “fait plus que doubler chaque année”, se réjouit M. Thomas.

Quentin Schaepelynck, créateur du site zepass.com qui propose aussi des places de concerts, a remarqué une “hausse significative” des reventes de billets de trains “à l’automne 2007 lorsque la SNCF a appliqué ses nouvelles conditions tarifaires” et durci les conditions d’échange.

La SNCF propose en effet de plus en plus de billets en promotion, qui ne sont en général ni échangeables ni remboursables. Contingentés, ces tarifs peuvent aussi être rapidement épuisés … mais disponibles sur les sites parallèles.

La crise est également passée par là: il y a eu “une deuxième hausse plus récemment, depuis août/septembre de cette année”, note M. Schaepelynck, liée à ses yeux à la baisse du pouvoir d’achat. Le trafic du site a, selon lui, “doublé” entre le printemps et l’automne, alors que d’habitude, le printemps représente un pic de fréquentation, juste devant les vacances d’été.

“Le service est de plus en plus utilisé par les internautes comme alternative pour continuer à se déplacer en France, malgré le contexte économiquement difficile”, avance-t-il, s’appuyant sur des témoignages.

Selon ses calculs, sur son site, “la valeur de revente moyenne est de 29 euros pour une valeur faciale moyenne de 34 euros”.

Les billets doivent en effet impérativement être revendus à un prix égal ou inférieur à celui qui figure sur le ticket, sinon cela s’apparente à du marché noir, rappellent MM. Thomas et Schaepelynck.

De son côté, la SNCF, qui ne veut pas se prononcer sur ce marché parallèle, dit ne pas avoir évalué quantitativement l’ampleur du phénomène. A titre de comparaison, elle vend plus de 200 millions de billets par an.

Mais la compagnie ferroviaire invite les voyageurs à “être précautionneux sur ce qu’ils achètent”.

Les billets électroniques achetés sur le site de la SNCF et imprimés à domicile sont nominatifs, rappelle une porte-parole. Un usager qui se ferait contrôler avec un tel billet sans la pièce d’identité qui correspond se ferait verbaliser, prévient-elle.

Pas de danger, selon les sites internet, qui assurent veiller au respect de ces règles et à l’exactitude des renseignements fournis par les vendeurs.

Mais les beaux jours de la revente de billets sur internet sont peut-être comptés, car les tickets vendus par la SNCF sont de plus en plus souvent nominatifs, notamment les billets électroniques qu’elle compte développer rapidement.