à Palm Beach le 15 décembre 2008 (Photo : Joe Raedle) |
[16/12/2008 09:40:34] PALM BEACH (Floride) (AFP) La scène du crime se situe au 17e étage d’un gratte-ciel de New York, où Bernard Madoff a conçu la plus coûteuse escroquerie de l’histoire de Wall Street mais c’est à Palm Beach, en Floride, que cette fraude est ressentie le plus cruellement, comme la trahison d’un ami.
Le courtier américain de 70 ans, accusé d’avoir monté une gigantesque fraude pyramidale de 50 milliards de dollars, vivait une partie de l’année dans ce paradis pour millionnaires de Floride (sud-est).
Cet ancien maître-nageur de Long Island qui s’est hissé à la tête du marché boursier Nasdaq était apprécié des milieux les plus influents.
écembre 2008 (Photo : Joe Raedle) |
Il était un habitué du très sélect Palm Beach Country Club et se servait de ses riches amis pour inciter d’autres nantis à investir des millions dans ses fonds.
“La communauté est sous le choc. Personne n’imaginait que quelqu’un comme lui puisse faire cela à ses amis”, explique Carlos Carraca, un habitant de l’île, ajoutant que personne ne parle d’autre chose à Palm Beach.
“Beaucoup de familles ont été ruinées, certains ont tout perdu, des millions”, ajoute-t-il.
Arrêté jeudi à son domicile de Manhattan par la police fédérale, M. Madoff a été remis en liberté contre une caution de 10 millions de dollars.
Les retombées de sa gigantesque escroquerie s’étendent bien au-delà de Wall Street, frappant des investisseurs et les actionnaires des principales banques européennes, dont la française BNP Paribas, qui pourrait perdre potentiellement 350 millions d’euros. La britannique HSBC, troisième banque mondiale par la capitalisation, a reconnu avoir une exposition aux fonds Madoff d’environ un milliard de dollars.
Des fondations comme celle du prix Nobel Elie Wiesel ou du cinéaste Steven Spielberg ne sont pas épargnées.
Et si la plupart des victimes du courtier américain passaient par des intermédiaires pour gérer leur argent, les investisseurs de Palm Beach étaient pour beaucoup des proches de M. Madoff et ont le sentiment d’être trahis par un ami.
à Palm Beach le 15 décembre 2008 (Photo : Joe Raedle) |
Particulièrement choqués, les membres du Palm Beach Country Club, appartenant pour beaucoup à la communauté juive et nombreux à avoir bâti eux-mêmes leur fortune, considéraient Bernard Madoff comme un des leurs.
“C’est un des leurs qui les a trahis,” souligne Laurence Leamer, auteur d’un livre à paraître intitulé “Madness Under the Royal Palms”, sur les nababs de Palm Beach.
“C’est l’ultime enclave en Amérique pour les +méga-riches+. Ici, littéralement, tout le monde est millionnaire”, poursuit-il.
Connu pour ses somptueux parcours de golf et son élégant Breakers Hotel, Palm Beach abrite en saison quelque 30.000 habitants, patrons de grandes entreprises, auteurs de livres à succès, sportifs célèbres ou richissimes philanthropes.
L’arrrestation du courtier a aussi semé le trouble au sein des oeuvres caritatives juives, inquiètes de voir se tarir les dons des victimes de la fraude… et ceux de Madoff lui-même qui leur dispensait abondamment ses largesses.
Norman Braman, PDG de Braman Motors à Miami, confie avoir investi dans des fonds de Bernard Madoff, comme beaucoup d’autres personnes grugées, en raison de sa remarquable réputation.
èté Bernard L Madoff Investment le 15 décembre 2008 à New York (Photo : Don Emmert) |
Ainsi, les courtiers de Wall Street l’appelaient le “bon du Trésor juif” tant il était considéré comme un investisseur prudent, offrant des retours sur investissements peu élevés mais aussi sûrs que les bons du Trésor américain…
Il bénéficiait aussi de son aura d’ancien patron du Nasdaq.
“Ma situation, mon style de vie (…) ne vont pas être modifiés,” assure M. Braman. “Mais pour les gens qu’il a détruits, les veuves, les retraités, c’est une véritable tragédie”, s’exclame-t-il, refusant de dire combien lui-même a perdu.