Affaire Madoff : la liste des victimes s’allonge, la question de la régulation posée

[16/12/2008 18:18:47] PARIS (AFP)

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ège de la société de courtage Bernard L. Madoff Investment, le 12 décembre 2008 à New York (Photo : Spencer Platt)

La de la gigantesque fraude du gérant de fonds new-yorkais Bernard Madoff continuait de s’allonger mardi, notamment en Europe où les responsables financiers mettent en cause les autorités de régulation américaines.

La société d’investissement de l’ancien président du Nasdaq a été liquidée lundi soir. Son escroquerie “pyramidale” totaliserait 50 milliards de dollars, selon un principe simple: payer les intérêts des clients existants grâce au capital apporté par les nouveaux.

Après les aveux la semaine dernière de l’homme d’affaires de 70 ans, pas un jour ne se passe sans que de nouveaux établissements financiers ne dévoilent les pertes potentielles auxquelles ils sont exposés.

Mardi, la banque japonaise Aozora a fait état d’une possible perte 101 millions d’euros. Lundi soir, la néerlandaise Fortis admettait un risque potentiel d’un milliard d’euros, s’ajoutant à une longue liste.

Beaucoup d’Européens y figurent: l’espagnole Santander, jusqu’à présent la plus affectée avec 2,33 milliards d’euros de pertes possibles, mais aussi BBVA (Espagne) et les français Natixis, BNP-Paribas et Crédit Mutuel-CIC.

Axa et Groupama, la banque franco-belge Dexia, la Société Générale, le Crédit Agricole y figurent également pour des montants moindres.

HSBC, troisième banque mondiale, a une exposition d’un milliard de dollars, Royal Bank of Scotland (RBS) de 600 millions de dollars et le fonds d’investissement Man Group de 360 millions de dollars.

L’assureur helvétique Swiss Life a annoncé une exposition de 57,2 millions d’euros et plusieurs petites banques privées sont affectées.

La finance allemande se déclare pour l’instant peu touchée. Postbank se déclare indemne, Commerzbank s’est refusé à tout commentaire et Deutsche Bank, la veille, avait indiqué n’avoir “aucune exposition” à la fraude Madoff. Même son de cloche du côté des assureurs, Allianz a ainsi fait savoir lundi qu’il était exposé à la fraude sur des montants “non-significatifs”.

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étaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, le 11 décembre 2008 à San José (Photo : Yuri Cortez)

Aucun grand établissement bancaire américain n’a fait état de pertes à ce jour. En revanche plusieurs célébrités ont été citées par la presse au nombre des victimes.

Des fondations comme celle du prix Nobel Elie Wiesel ou du cinéaste Steven Spielberg figurent parmi les perdants de cette escroquerie, mais les montants n’ont pas été divulgués.

Les noms de plusieurs fonds spéculatifs ont été avancés.

“Comment des établissements sérieux pouvaient croire à des rendements dépassant 12% sans se poser de questions ?”, s’interrogeait mardi un gestionnaire de fonds français ayant requis l’anonymat. “On peut penser que la respectabilité de Bernard Madoff inspirait une confiance absolue, d’autant que la SEC (Securities and Exchange Commission) elle-même s’était adjointe ses services”, a-t-il expliqué à l’AFP.

La SEC, gendarme américain des marchés, est désormais montrée du doigt.

Le patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a mis en cause les autorités de régulations américaines: “la surprise n’est pas qu’il y ait des voleurs” mais “la question est: que fait la police?”, a-t-il estimé lors d’une conférence de presse lundi à Madrid.

Le président de l’Autorité française des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, a estimé que la réglementation américaine était fautive.

“Pour la quatrième fois, la réglementation américaine est en cause”, a déclaré M. Jouyet citant les faillites retentissantes du fonds spéculatif LTCM (1998), du courtier en énergie Enron (2001) et de la banque Lehman Brothers (2008).

Il faut que “la confiance demeure, et pour qu’il y ait confiance, il faut que la réglementation soit bonne”, “Je crois que c’est le cas en Europe et que les Etats-Unis ont des progrès importants à faire dans ce domaine”, a-t-il conclu.