Madoff comparaît devant la justice, la SEC enquête sur ses carences

[17/12/2008 20:49:09] PARIS (AFP)

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été du financier Bernard Madoff, le 15 décembre 2008 à New York (Photo : Don Emmert)

Les épargnants français qui ont investi dans des titres gérés collectivement par des institutions financières (OPCVM) pourraient perdre “plusieurs centaines de millions d’euros” à cause de la fraude Madoff, a estimé mercredi l’Autorité des marchés financiers (AMF).

D’après l’AMF, un “nombre significatif” d’OPCVM de droit français “détiendraient dans des proportions variables des actifs subissant les conséquences de l’affaire Madoff”, le gérant américain accusé d’avoir monté une fraude s’élevant à 50 milliards de dollars.

L’AMF n’a toutefois pas précisé quel type d’épargnants -ménages, particuliers fortunés, entreprises…- étaient concernés.

Elle assure n’avoir identifié pour le moment aucun OPCVM qui aurait délégué la gestion de leurs titres à des “entités liées à l’affaire Madoff”. Dans ce cas, leur portefeuille n’aurait plus aucune valeur.

En revanche, un nombre significatif d’OPCVM français auraient été investis dans des “parts de fonds d’investissement” étrangers qui sont “susceptibles” d’être affectés par la fraude Madoff, explique l’AMF.

Ils en subiraient donc les effets, mais par ricochet.

L’AMF cite en particulier le cas de “plusieurs fonds d’investissement coordonnés” luxembourgeois et irlandais, qui pourraient être touchés mais qui n’ont à ce jour pas divulgué “l’existence de pertes” et encore moins leur “ampleur”.

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à l’escroquerie du gérant de fonds Bernard Madoff

Les Organismes de placement collectif de valeurs mobilières (OPCVM) sont des produits d’épargne collective gérés par une institution financière (sociétés de gestion indépendantes, banques ou compagnies d’assurance).

Près de 1.500 milliards d’euros étaient investis dans des OPCVM, dont 172,3 milliards par les ménages à fin juin 2007, selon des chiffres de l’Association française de gestion financière. Par comparaison, le Produit intérieur brut français s’élevait à environ 1.900 milliards en 2007.

Cette estimation de l’AMF sur ce que pourraient perdre les épargnants vient s’ajouter aux estimations des pertes potentielles des banques françaises en leur nom propre.

Pour l’heure, la facture se monte à environ un milliard d’euros pour ces dernières, touchées via les prêts qu’elles ont accordés à des investisseurs qui ont placé leur argent dans des fonds gérés par Madoff.

La plus exposée est Natixis (450 millions d’euros), suivie par BNP Paribas (350 millions).

D’autres banques européennes sont concernées, dont l’espagnole Santander (2,33 milliards d’euros), la néerlandaise Fortis (1 milliard d’euros) ou HSBC (1 milliard de dollars).

L’escroquerie pyramidale dont est accusé M. Madoff consistait à payer les intérêts de ses clients existants grâce au capital apporté par de nouveaux investisseurs.

La fraude a été découverte lorsque des clients ont voulu récupérer leur mise en raison de la crise financière.

Arrêté jeudi dernier, Bernard Madoff a été assigné à résidence mercredi et contraint de porter un bracelet électronique, dans le cadre de sa liberté sous caution.