Fraude : Bernard Madoff est assigné à résidence et porte un bracelet électronique

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à New York, le 17 décembre 2008 (Photo : Don Emmert)

[17/12/2008 22:03:58] NEW YORK (AFP) L’investisseur Bernard Madoff, accusé d’une gigantesque escroquerie de 50 milliards de dollars, est assigné à résidence et doit porter un bracelet électronique après le durcissement des conditions du maintien de sa liberté sous caution, a annoncé mercredi un juge à New York.

Arrêté jeudi dernier, le financier aurait dû comparaître mercredi devant un juge de New York pour demander le maintien de sa liberté sous caution. Il avait été libéré après s’être engagé à verser une caution de 10 millions de dollars, garantie par quatre personnes.

Mais Bernard Madoff n’a trouvé que deux garants, son frère et son épouse, en dépit d’une période de 24 heures supplémentaires pour se conformer à cette exigence, selon le juge.

Il a réussi à éviter l’incarcération en acceptant des conditions plus dures, notamment une assignation à résidence, un bracelet électronique et un gage sur des propriétés que sa femme possède à New York et en Floride, a précisé le juge Gabriel Gorenstein en annonçant que l’audience était annulée.

Son épouse a également dû remettre son passeport, document qui a déjà été retiré à Bernard Madoff.

Mercredi en fin de matinée, Bernard Madoff a été vu devant son domicile du quartier huppé de l’Upper East Side, au nord-est de Manhattan. Vêtu de noir et portant une casquette de base-ball noire, il a refusé de parler aux reporters.

Son assignation à résidence lui permet de sortir à quelques occasions, notamment pour voir ses avocats.

L’affaire ébranle la SEC, l’autorité boursière américaine, qui enquête maintenant sur l’un de ses ex-inspecteurs, Eric Swanson, marié à une nièce de M. Madoff.

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à l’escroquerie du gérant de fonds Bernard Madoff

La SEC a décidé de lancer une enquête interne pour déterminer pourquoi l’escroquerie lui avait échappé, malgré “des alertes répétées depuis au moins 1999”.

Le président de la SEC, Christopher Cox, a reconnu que “des allégations crédibles et précises sur les méfaits de M. Madoff ont été portées à l’attention du personnel de la SEC de manière répétée depuis au moins 1999, mais n’ont jamais été signalées à la commission pour qu’elle agisse”.

Le patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn avait mis en cause lundi les autorités de régulation américaines: “la surprise n’est pas qu’il y ait des voleurs” mais “la question est: que fait la police?”

L’escroquerie pyramidale dont est accusé M. Madoff consistait à payer les intérêts de ses clients existants grâce au capital apporté par de nouveaux. La fraude a été découverte lorsque des clients ont voulu récupérer leur argent en raison de la crise financière.

Depuis ses aveux la semaine dernière, pas un jour ne passe sans que de nouveaux établissements financiers ou organisations caritatives ne dévoilent leurs pertes potentielles.

Mercredi, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a estimé dans un communiqué que les épargnants français qui ont investi dans des titres gérés collectivement par des institutions financières (OPCVM) pourraient perdre “plusieurs centaines de millions d’euros” à cause de la fraude Madoff.

Les Organismes de placement collectif de valeurs mobilières (OPCVM) sont des produits d’épargne collective gérés par une institution financière (sociétés de gestion indépendantes, banques ou compagnies d’assurance).

En Europe, la banque espagnole Santander, jusqu’à présent la plus affectée, a admis un risque potentiel de 2,33 milliards d’euros. La néerlandaise Fortis pourrait perdre 1 milliard d’euros et HSBC, troisième banque mondiale, 1 milliard de dollars.

Sont également touchées les français Natixis, BNP-Paribas ou les fondations du prix Nobel Elie Wiesel ou du cinéaste Steven Spielberg.

La société Madoff a été mise en liquidation.