«Ressources humaines, ressources environnementales pour la
croissance et la compétitivité dans la nouvelle ère de l’économie», tel est le
thème du congrès qui a été organisé le mardi 16 décembre 2008 par le SDI Group
MED, (voir la présentation du groupe) aux Berges du Lac.
Toutes les interventions étaient d’un haut niveau et ont retenu l’attention
de la présence, en particulier l’intervention de M. Farid Yaker, administrateur
du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), intitulée
«Consommation et production durables dans l’aire méditerranéenne : défis et
réponses institutionnelles».
Tout d’abord, M. Yaker a rappelé le rôle du PNUE qui consiste à surveiller
l’état de l’environnement dans le monde, à identifier les solutions et les
tester et enfin aider à leur mise en place.
La Divison technologie, industrie et économie du programme onusien, sise à
Paris, supervise les activités économiques et productives et leur lien avec
l’environnement. «Dans notre division, les problèmes environnementaux sont
regardés du point de vue de la vie réelle, nous regardons la relation entre les
activités humaines et la planète. La consommation et la production sont deux
branches centrales de la DTIE», nous précise M. Yaker.
L’intervenant a ensuite mis l’accent sur les inégalités de plus en plus
croissantes entre les pays développés et les pays en voie de développement,
notamment l’inégalité dans l’accès aux biens et aux services essentiels. A titre
d’exemple, 20% de la population mondiale des pays industrialisés consomment 87%
des richesses mondiales, tandis que 1,2 milliard d’habitants vivent avec moins
de 1 dollar par jour ! Par ailleurs, 1 milliard d’humains vivent sans eau
potable, 2 milliards sans assainissement et 2,5 milliards sans électricité, ce
qui est, le moindre que l’on puisse dire, un état alarmant !
Un autre défi se présente, c’est celui de l’équité sociale et de la lutte
contre la pauvreté, soit le défi écologique. On assiste de plus en plus à une
pollution et à une surexploitation des ressources naturelles (atmosphère, eau,
sol, vie animale et végétale, pétrole, minerai, gaz…). 11.000 espèces sont
menacées, ceci en plus de l’appauvrissement des ressources naturelles. En effet,
selon les données fournies par M. Yaker, 70% des pêcheries sont surexploitées et
20% des forêts ont été détruites. L’intervenant ajoute par ailleurs que les
habitants des pays développés produisent 70% des émissions de CO2, qui
concourent au réchauffement climatique.
Toutes ces données nous laissent inquiets quant à l’avenir de notre chère
planète ! «Avons-nous des planètes rechanges ?», une fausse question que pose M.
Yaker tout en répondant que nous aurons besoins de quatre planètes d’ici 2100,
pour dire à quel point nous sommes en train d’épuiser, d’une manière
irraisonnable, les ressources de notre planète.
La Méditerranée n’échappe pas à ces problèmes. Elle doit à son tour faire
face à plusieurs grands défis, selon l’expert onusien. Des terres agricoles de
grande qualité disparaissent à cause de l’urbanisation et de la salinisation.
Plus de 80% des zones arides et sèches sont touchées par la désertification,
dont les conséquences seront encore accrues. Les rares ressources en eau sont
surexploitées et menacées d’épuisement ou de dégradation. Par ailleurs, le cadre
de vie urbain et la santé sont dégradés «par la congestion par les transports
motorisés, le bruit, la mauvaise qualité de l’air et la croissance rapide de la
production de déchets», précise M. Yaker qui ajoute que le «littoral et la mer
sont victimes de la pollution, les côtes s’artificialisent et/ou s’érodent,
tandis que les ressources halieutiques s’amenuisent». Il note également que la
région est de plus en plus vulnérable aux inondations, coulées de boues,
séismes, sécheresses, incendies…
Les régions côtières, dont la Tunisie, seront dans les 20 prochaines années,
victimes d’une augmentation considérable de la pression environnementale, du
fait du tourisme avec 137 millions de visiteurs supplémentaires par an
(consommation, pollution, transport et tout ce qui en découle), des transports
qui devraient plus que doubler en volume, de l’urbanisation (33 millions de
personnes supplémentaires à loger) et enfin de l’étalement urbain.
M. Yaker fait état dans son intervention d’une extension continue des modes
de production et de consommation non durables. On assiste à une aggravation de
la dégradation environnementale, dont les coûts, selon les chiffres de la Banque
mondiale, représentent déjà entre 3 et 5% du PIB.
Quels risques de la dégradation environnementale sur notre Méditerranée ?
Selon M. Yaker, la dégradation de l’environnement fait courir à la
Méditerranée un grave danger, celui de perdre ses principaux atouts qui fondent
son originalité, en particulier pour l’agriculture et le tourisme. L’intervenant
explique que la persistance d’une mauvaise gestion des ressources naturelles
rares, notamment l’eau, les terres agricoles, l’énergie et le littoral,
compromettra le développement économique, la qualité de vie et la stabilité
sociale.
Comment doit-on agir pour faire face à cette situation ? M. Yaker nous dit
que nous pouvons agir au niveau de la production (design des produits,
management environnemental, labels…). Néanmoins, il faut également modifier en
profondeur nos modes de consommation. L’agenda 21 de Rio 1992, le sommet mondial
du développement durable Johannesburg 2002, le processus de Marrakech… plusieurs
sommets et de nombreux documents qui appellent tous à adopter des modes de
consommation et de production durables capables de nous faire sortir du pétrin.