Le logo d’Orange (Photo : Ben Stansall) |
[18/12/2008 18:03:48] PARIS (AFP) Après la perte de l’exclusivité de l’iPhone en France, Orange (France Télécom) est maintenant menacé de perdre celle concernant ses chaînes de télévision sur internet, ce qui compromet sa volonté de produire des contenus.
Hasard du calendrier, mercredi, le jour où le Conseil de la Concurrence cassait l’exclusivité d’Orange sur la vente de l’iPhone en France, les députés votaient, dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel, un amendement interdisant aux fournisseurs d’accès internet de réserver à leurs seuls abonnés la vente d’un abonnement télévisuel.
Si le Sénat confirme l’amendement début janvier, Orange ne pourrait plus réserver à ses clients les chaînes payantes Orange Foot et Orange Cinéma Séries qu’il produit.
La nouvelle réjouirait ses concurrents: cet été, SFR et Free avaient écrit à Orange pour demander le droit de diffuser ces chaînes mais l’opérateur historique avait refusé. Vivendi, maison mère de Canal+, avait jugé “très inquiétant” un tel dispositif.
Contacté par l’AFP, Orange n’a pas souhaité s’exprimer.
L’opérateur, sous l’impulsion du PDG Didier Lombard, a organisé son virage vers les contenus en plusieurs étapes: en 2003, il a lancé son offre de télévision par ADSL, en 2006 il a créé une filiale d’investissement dans les droits cinématographiques, Studio 37.
En 2008, il a mis le turbo en raflant une partie des droits audiovisuels 2008-2012 de la Ligue 1 de football et en signant des accords avec les studios Warner, la société Gaumont et la chaîne américaine HBO, des contenus mis en boîte dans deux chaînes diffusées sur mobile, TV par ADSL et internet.
Orange “a besoin de contenus pour valoriser ses réseaux” mobiles et internet afin de compenser les baisses de tarifs des abonnements et communications et de riposter à la concurrence des contenus de Yahoo, Apple et autre Microsoft, indiquait début 2008 une porte-parole.
Le résultat est au rendez-vous: sa direction des contenus, créée en 2004, générait déjà en 2006 plus de 400 millions d’euros de revenus.
Pour donner plus de valeur à ses contenus, Orange a opté pour l’exclusivité, avec Apple sur l’iPhone, qui incite les clients à utiliser internet sur mobile, et pour ses chaînes de télévision, qu’il a réservées à ses clients.
Selon lui, l’exclusivité sert à rentabiliser les lourds investissements consacrés à ces produits et recruter de nouveaux clients.
Le Conseil de la Concurrence, qui examinera prochainement le cas des chaînes d’Orange, n’est pas contre “par principe” l’exclusivité, mais cela reste pour lui “une source de préoccupation”.
“Alors que le monde des télécoms était bâti sur des normes ouvertes, nous voyons aujourd’hui ce secteur dominé par des clauses d’exclusivité qui viennent aussi de l’interpénétration avec l’industrie des contenus”, a-t-il noté.
Orange se dit éventuellement prêt à distribuer, après un certain temps, Orange Cinéma Séries auprès d’autres clients, mais refuse catégoriquement de partager Orange Foot, pour lequel il a déboursé 203 millions d’euros en droits.
Il argue aussi que s’il investit dans de nouveaux réseaux comme la fibre optique, c’est pour diffuser ces contenus, axe central de son plan stratégique 2005-2008, le nouveau plan devant être présenté le 4 mars prochain à l’occasion des résultats du groupe.
SFR, qui se dit potentiellement intéressé pour diffuser les chaînes d’Orange, affiche une stratégie différente: “sur les partenariats, notre philosophie c’est l’ouverture, on souhaite proposer à nos clients le plus large choix de contenus, de tous les fournisseurs du marché”.