[18/12/2008 18:21:53] PARIS (AFP)
à New York le 17 décembre 2008 (Photo : Don Emmert) |
Après les banques, des particuliers fortunés, voire moins aisés, qui avaient placé de l’argent dans des fonds de placement collectifs, pourraient payer les pots cassés en France de la fraude Madoff, avec une ardoise potentielle de 500 millions d’euros.
L’affaire a été dévoilée mercredi soir par l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui a annoncé que des fonds d’investissement dits OPCVM, des produits financiers plus connus sous le nom de Sicav ou de Fonds commun de placement (FCP), pourraient être affectés par cette escroquerie, à hauteur de “plusieurs centaines de millions d’euros”.
Les fonds touchés, une centaine sur les 11.000 OPCVM français agréés selon l’AMF, ont eux-mêmes investi dans d’autres OPCVM irlandais et luxembourgeois. Ceux-ci avaient placé tout ou partie de leur argent dans des fonds Madoff, dont une partie au moins se serait évaporée dans la gigantesque fraude montée par le financier américain Bernard Madoff.
Dans son édition datée de vendredi, Le Monde évoque le nom du fonds luxembourgeois Lux Alpha, lié à la banque suisse UBS, et de l’irlandais Thema Fund International.
Toute la journée de jeudi, la ministre de l’Economie Christine Lagarde et les représentants de l’AMF se sont voulus rassurants, affirmant que les petits épargnants français n’étaient pas concernés par cette affaire. Et Bercy a “demandé à l’AMF de préciser sa communication” par rapport à la veille.
“Les petits épargnants sont épargnés, (…) ce sont des encours professionnels” qui sont touchés, a assuré Mme Lagarde. “Et ce n’est pas par les grands réseaux traditionnels des banques que c’est passé”.
“Cela ne porte que sur des investisseurs avisés, professionnels, qui disposent en général de fortunes importantes” et “il n’y a aucun fonds grand public qui soit impliqué”, a renchéri le nouveau président de l’AMF, Jean-Pierre Jouyet.
à l’escroquerie du gérant de fonds Bernard Madoff |
Selon les chiffres fournis par l’AMF, 92% des OPCVM français affectés n’ont “pas été distribués au grand public” et 66% concernent une “clientèle fortunée”.
Toutefois, 8%, soit environ 40 millions d’euros, ont été placés auprès du “grand public”.
“Il semblerait, selon les informations que nous avons, que les produits auraient été vendus comme des produits sûrs” aux épargnants, a affirmé jeudi à l’AFP Thierry Ottaviani, président de l’association SOS Petits Porteurs.
M. Ottaviani a notamment mentionné les fonds monétaires dits dynamiques, théoriquement parmi les moins risqués.
L’AMF a demandé à toutes les sociétés de gestion concernées de “prévenir sans délai leurs clients de façon individuelle et de diffuser également l’information sur leur site internet”.
Interrogée sur les garanties dont bénéficient les épargnants touchés, Mme Lagarde a fait valoir que “les gens très fortunés, qui investissent, (…) prennent le risque de gagner, prennent le risque de perdre”, évoquant toutefois la possibilité d’une “procédure judiciaire” aux Etats-Unis.
Avant de rejaillir sur des particuliers, l’affaire Madoff avait déjà touché banques et assureurs français, dont les pertes potentielles pourraient atteindre plus d’un milliard d’euros. BNP Paribas et Natixis sont les plus exposés, à hauteur respectivement de 350 et 450 millions d’euros.
Mais ces pertes potentielles concernent directement les banques et pas les investissements de leurs clients, à l’inverse d’autres établissements étrangers, telles l’espagnole Santander ou l’Union bancaire privée (UBP) suisse.