[19/12/2008 11:53:25] PARIS (AFP)
ès au salon de la sécurité navale et maritime, le 27 octobre 2008 au Bourget (Photo : Lionel Bonaventure) |
Dassault Aviation va prendre les 20,8% d’Alcatel-Lucent au sein du groupe d’électronique Thales après avoir obtenu le feu vert de l’Etat, ouvrant la voie à la recomposition de secteurs stratégiques sur lesquels le gouvernement veut garder la main.
La transaction se fera, comme prévu, sur la base d’un prix de 38 euros par action, soit une valeur totale d’environ 1,57 milliard d’euros. Alcatel et Dassault avaient annoncé le 18 novembre être entrés en négociations pour cette opération.
Avec les 5% déjà détenus par le holding Groupe industriel Marcel Dassault qu’il compte racheter, Dassault Aviation détiendra un bloc de près de 26% au capital de Thales.
Les relations entre l’Etat, qui détient 26,5% du capital de Thales, et Dassault Aviation “seront régies par un pacte d’actionnaires sensiblement identique à celui liant actuellement l’Etat et Alcatel-Lucent, dans le cadre duquel l’Etat reste prédominant par rapport à Dassault Aviation”, a souligné la ministre de l’Economie Christine Lagarde dans un communiqué.
Alors que l’accord était déjà bouclé entre les industriels, les discussions se poursuivaient encore avec l’Etat ces derniers jours, selon une source proche du dossier.
Il s’agit de créer “un pôle français de dimension mondiale dans le domaine des technologies stratégiques, de l’aéronautique et de l’espace, de la défense et de la sécurité”, selon Bercy, qui cite les exemples britannique (avec BAE Systems), italien (Finmeccanica) et suédois (Saab).
Il s’appuiera sur le “renforcement du partenariat” entre les deux groupes, qui collaborent déjà en particulier sur le Rafale, l’avion de combat de Dassault rempli d’électronique de Thales.
L’accord laisse aussi entrevoir la poursuite de la consolidation dans le secteur de la défense en France. L’Etat et Dassault Aviation s’engagent ainsi “à soutenir Thales dans son projet d’accroissement à 35% de sa participation” dans le groupe naval DCNS – l’ex-Direction des chantiers navals – dont Thales possède actuellement 25%.
L’accord stipule également que “Dassault Aviation s’est engagé à permettre les rectifications de périmètres de Thales” qui découleraient d’accords avec des entreprises françaises sur certains projets précis.
Concrètement, cela “valide un échange d’actifs avec Safran”, dont l’Etat possède plus de 30%, juge Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities.
“C’est un échange d’actif a minima mais qui devrait au moins lancer la consolidation de l’électronique de défense”, poursuit-il.
En choisissant Dassault pour entrer dans Thales, “on préfère régler la consolidation entre Français pour le moment”, juge un autre analyste. Ce qui explique que le groupe européen EADS, pris dans les subtils équilibres franco-allemands et qui doit par ailleurs préserver sa trésorerie pour faire face à la crise, ait été écarté du jeu par l’Etat.
Le président exécutif d’EADS, Louis Gallois, qui vient de démissionner du conseil d’administration de Dassault Aviation, avait approché Alcatel-Lucent avec une offre à 44 euros – bien au-delà de l’offre de Dassault à 38 euros – avant de devoir renoncer. “On a clairement dit à Louis Gallois de pas se mêler de cette histoire-là”, explique cet analyste.
Thales se déclare de son côté “satisfait” de disposer d’un actionnaire stable et qui confirme sa stratégie “à la fois dans sa dimension internationale et dans ses différents métiers, civils et militaires”.