La Banque du Japon réduit son taux directeur au niveau symbolique de 0,10%

[19/12/2008 12:32:36] PARIS (AFP)

photo_1229676562675-1-1.jpg
écembre 2008 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Après la Réserve fédérale américaine, la Banque du Japon a ramené vendredi ses taux d’intérêt à un niveau proche de zéro pour tenter de relancer la deuxième économie mondiale, mais cela n’a pas suffi à soutenir les marchés face à la dégradation de la conjoncture.

Pour stopper la hausse du yen qui pénalise fortement ses exportateurs, la Banque du Japon (BoJ) a réduit son taux directeur au niveau symbolique de 0,10% contre 0,30% précédemment, revenant presque à la politique de taux zéro pratiquée entre 2001 et 2006.

Mardi, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait déjà pris une mesure très proche, ramenant son taux directeur à une fourchette de 0% à 0,25%.

La décision de la banque centrale a été saluée par le gouvernement japonais qui a annoncé le même jour qu’il prévoyait une croissance économique nulle pour l’année budgétaire 2009-2010, qui s’étend d’avril à mars, en raison de la dégringolade des exportations liée à la crise financière mondiale.

Les marchés ont réagi avec moins d’enthousiasme. Après un bref sursaut, l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé la séance en baisse de 0,91%. Le yen, qui s’était apprécié en flèche face au dollar depuis la décision de la Fed mardi, restait très vigoureux vendredi après-midi en Asie.

Les marchés européens ouvraient également en baisse: à 10h20 (09h20 GMT), Paris perdait 1,32%, Londres 1,17% et Francfort 0,91%.

photo_1229676688537-1-1.jpg
écembre 2008

Le climat général restait très sombre, avec son lot quotidien de mauvaises nouvelles.

En Italie, les commandes à l’industrie se sont effondrées de 12,2% en octobre sur un an.

Pour la France, l’Insee prévoit un basculement dans la récession début 2009, qui s’accompagnera d’une remontée en flèche du chômage qui devrait atteindre 8% en moyenne au deuxième trimestre 2009.

Après une maigre progression du produit intérieur brut de 0,1% au troisième trimestre 2008, l’institut de statistiques prévoit un recul de 0,8% au dernier trimestre, suivi d’une nouvelle baisse de 0,4% au premier trimestre 2009.

Et le moral des industriels français a continué de se dégrader en décembre, touchant un plus bas historique.

La ministre des Finances Christine Lagarde a cependant indiqué qu’elle tablait toujours sur une croissance comprise entre 0,2% et 0,5% en 2009.

“Certes il y a eu une dégradation importante du climat des affaires, mais il y a eu aussi un plan de relance français dont on estime les effets à +1% du PIB, et les effets en France des plans de relance décidés dans les pays de l’Union européenne qu’on chiffre à +0,5%”, a-t-elle dit à l’AFP.

photo_1229680393908-1-1.jpg
écembre 2008 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

Six pays européens devraient aussi annoncer de nouveaux plans de relance début 2009, a précisé Mme Lagarde à l’issue d’une réunion informelle avec ses homologues de l’UE à Paris jeudi soir.

Cette politique creusera inévitablement les déficits publics: ainsi le déficit espagnol dépassera “clairement les 3%” du PIB, selon le ministre espagnol de l’Economie, Pedro Solbes.

Aux Etats-Unis, selon le Wall Street Journal, le plan de relance de Barack Obama serait d’un montant compris entre 675 et 775 milliards de dollars.

La crise a des conséquences en chaîne dans tous les secteurs.

La deuxième compagnie aérienne japonaise, All Nippon Airways (ANA), a ainsi reporté sine die sa décision d’acheter des avions très gros porteurs Airbus A380 ou Boeing B747-8.

Face à la chute d’activité dans le secteur automobile, le conglomérat allemand Thyssenkrupp va mettre en place des mesures de réduction du temps de travail dans la division acier qui pourrait toucher jusqu’à 20.000 salariés.