éant russe des camions, le 19 décembre 2008 à Naberezhniye Chelny (Photo : Alexey Nikolsky) |
[19/12/2008 15:20:50] MOSCOU (AFP) Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a annoncé vendredi un plan de soutien à l’industrie automobile du pays et appelé ses concitoyens à acheter “russe”, ignorant le mécontentement croissant de la population contre la hausse des taxes sur les véhicules importés.
Le gouvernement prévoit de subventionner les emprunts pour l’achat de véhicules produits en Russie, a déclaré M. Poutine au cours d’une visite à Naberejnye Tchelny, patrie du constructeur de poids lourds Kamaz au Tatarstan, à un millier de kilomètres à l’est de Moscou.
Il a proposé de garantir les émissions obligataires des constructeurs russes jusqu’à 70 milliards de roubles (1,8 milliard d’euros), une mesure qui les assure d’être remboursés, dans un secteur très dépendant des crédits aux consommateurs mis à mal par la crise financière.
De plus, l’Etat va consacrer 12 milliards de roubles (320 millions d’euros) supplémentaires en 2009 pour l’achat de voitures par des administrations, a-t-il ajouté, suggérant aux particuliers et entreprises publiques du pays de n’acquérir que des véhicules de fabrication russe.
“Aujourd’hui, alors que nos fabricants sont contraints de réduire leur production, je considère qu’il est totalement inadmissible de dépenser de l’argent pour acheter des voitures importées”, a lancé M. Poutine.
îne de production de AvtoVAZ à Tolyati le 1er février 2008. (Photo : Sergey Mikheyev) |
Il a fait ces déclarations alors que les manifestations de particuliers se multiplient, notamment dans l’est du pays où les voitures japonaises sont très en vogue, contre la hausse des taxes sur les véhicules importés.
Quelque 6.000 automobilistes – une mobilisation importante en Russie – se sont ainsi rassemblés le 14 décembre à Vladivostok (Extrême-Orient russe) pour protester contre cette mesure protectionniste décidée par M. Poutine.
De nouvelles manifestations sont prévues ce week-end dans le pays, notamment en Extrême-Orient russe ainsi qu’à Moscou.
Environ 200.000 personnes travaillent dans l’importation, la vente et la maintenance des voitures étrangères dans la région de Vladivostok et redoutent que cette mesure n’entraîne une baisse de la demande qui menacerait leurs emplois.
Leurs craintes semblent justifiées, à en croire les projections annoncées vendredi par le vice-ministre de l’Industrie, Andreï Dementiev: les ventes de voiture neuves particulières importées devraient chuter de 47% en 2009.
Les Russes sont très friands de voitures étrangères à l’esthétique plus alléchante que les modèles russes: plus des trois quarts des automobiles vendues en Russie sont des marques étrangères.
En augmentant les taxes à l’importation, M. Poutine a donné gain de cause aux constructeurs russes qui avaient entrepris une campagne de lobbying en ce sens auprès des autorités, pour tenter de relancer leurs ventes.
Car la demande dans l’industrie automobile a drastiquement chuté depuis l’été en raison de la crise économique et financière, alors que ce secteur en plein boom ces dernières années était considéré par tous les constructeurs étrangers comme le plus prometteur d’Europe.
Les ventes de voitures en Russie ont chuté de 28% en novembre par rapport à août, a indiqué vendredi le ministre de l’Industrie, Viktor Khristenko.
En conséquence, les principaux constructeurs russes et étrangers revoient leurs prévisions de production, tandis que les plus grand constructeurs du pays, AvtoVAZ, GAZ et Kamaz demandent l’aide de l’Etat.
Les perspectives sont peu encourageantes, selon le cabinet de conseil et d’audit PricewaterhouseCoopers: les ventes de voitures en Russie devraient chuter l’an prochain dans une fourchette comprise entre 15 et 45%, en raison de la faible demande, la hausse du chômage et la dévaluation du rouble.