[19/12/2008 22:05:19] PARIS (AFP)
é de la Relance, Patrick Devedjian (d), et du Budget Eric Woerth à l’issue du Conseil des ministres, le 19 décembre à l’Elysée (Photo : Gerard Cerles) |
Le plan de relance français a été adopté vendredi en Conseil des ministres, alors que les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler sur le front économique et pourraient contraindre le gouvernement à prendre d’autres mesures.
Réuni pour la deuxième fois de la semaine, le Conseil des ministres a examiné vendredi matin deux projets de loi et sept décrets contenant les mesures prévues dans le plan de relance de l’économie de 26 milliards d’euros annoncé par le président Nicolas Sarkozy au début du mois.
Ce plan censé enrayer la spirale de la crise, via des mesures de soutien à la trésorerie des entreprises, des investissements publics, des aides aux secteurs cruciaux du logement et à l’automobile et en faveur de l’emploi, équivaut à 1,3% du produit intérieur brut (PIB) français.
“C’est une réponse très forte à la crise qui a été adoptée ce matin (…) un plan sans précédent par son intensité et par sa rapidité”, a estimé le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.
La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, le ministre chargé de la relance économique, Patrick Devedjian et celui du Budget, Eric Woerth, réunis pour la première fois devant la presse depuis la nomination de M. Devedjian, ont ensuite vanté les mérites d'”un plan de relance massif”.
économie française |
Pour le gouvernement, il fallait agir vite au vu de la rapide dégradation de la situation économique.
Dans ses dernières prévisions publiées vendredi, l’Insee prévoit que sous le choc de la crise internationale, la France basculera dans la récession au début de l’année prochaine pour la première fois depuis 1993, avec une économie en chute libre et une remontée en flèche du chômage.
Après une progression de 0,1% au troisième trimestre 2008, l’Institut de la statistique table sur un effondrement de 0,8% du PIB au dernier trimestre 2008, suivi d’un nouveau recul de 0,4% au premier trimestre 2009.
Aucun secteur n’est épargné par le retournement de la conjoncture. En décembre, le moral des industriels a touché un plus bas historique, signe d’une “crise très grave”, selon l’Insee et les économistes.
Malgré ces mauvaises nouvelles, Bercy maintient pour le moment ses prévisions d’une croissance comprise entre 0,2% et 0,5% l’an prochain, grâce aux effets escomptés des plans de relance français et européens (1% et 0,5% de PIB).
La réponse française à la crise laisse toutefois de nombreux observateurs sur leur faim.
“Le plan a le mérite d’exister mais ses effets ne se feront pas sentir avant la mi-2009”, souligne ainsi Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, qui plaide pour des mesures “conjoncturelles comme la revalorisation des prestations chômage”.
Pour le secrétaire national du PS à l’Economie, Michel Sapin, le plan de relance n’est “pas du tout à la hauteur de la crise qui frappe la France”.
Dans les 26 milliards d’euros engagés, “une grosse moitié sont des avances de trésorerie” et en réalité c’est seulement “quatre à cinq milliards de crédits nouveaux”, selon lui.
Face aux interrogations, Luc Chatel a écarté vendredi l’hypothèse d’un deuxième plan de relance, estimant que “si on préparait aujourd’hui un plan B, ça voudrait dire qu’on croit pas vraiment à la mise en oeuvre de ce plan”.
Mais le gouvernement n’exclut pas d’aller plus loin. “Aujourd’hui, rien ne permet de penser techniquement qu’il faudra d’autres mesures mais, s’il le fallait, d’autres mesures seraient prises bien entendu”, a déclaré le secrétaire général de la présidence de la République française, Claude Guéant.
“S’il faut faire plus, il faudra faire plus”, a aussi indiqué Christine Lagarde.