Belgique/Fortis : démission du ministre de la Justice

[19/12/2008 18:54:37] BRUXELLES (AFP)

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écembre 2008 à Bruxelles. (Photo : Jorge Dirkx)

Le gouvernement belge a démissionné vendredi après avoir été accusé de pressions sur la justice dans le cadre des efforts de sauvetage de la banque Fortis, un scandale qui replonge le pays dans une grave crise politique.

“Le Conseil des ministres a décidé de présenter au Roi la démission de l’ensemble du gouvernement”, a indiqué un porte-parole du Premier ministre Yves Leterme, qui n’était arrivé au pouvoir qu’au mois de mars.

Le cabinet a jeté l’éponge après que la plus haute juridiction du pays eut de nouveau accusé les services du Premier ministre d’avoir tenté d’interférer dans le travail de la justice lorsqu’elle examinait les conditions du démantèlement de Fortis décidé par le gouvernement.

Dans un document très attendu publié dans la journée, le président de la cour de Cassation Ghislain Londers a écrit avoir “des indications importantes” que le gouvernement d’Yves Leterme a tenté de faire pression sur la justice, même s’il a reconnu ne pas disposer “de preuve juridique”.

M. Leterme devait se rendre dans la soirée auprès du roi des belges Albert II pour présenter la démission de son gouvernement. Le souverain peut accepter, refuser, ou se donner un délai de réflexion.

Le chef du gouvernement est un habitué des fausses sorties. En juillet dernier, il avait déjà démissionné faute d’avoir pu trouver un compromis au sujet des demandes d’autonomies accrues de la communauté flamande du pays à l’égard des francophone. Mais trois jours plus tard le roi l’avait maintenu en poste.

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ège de la banque Fortis à Bruxelles, le 6 octobre 2008 (Photo : John Thys)

Cette fois néanmoins, les choses semblent beaucoup plus graves. L’affaire Fortis s’est transformée en quasi-affaire d’Etat. Des juges affirment avoir été menacés par l’entourage de M. Leterme pour prendre une décision conforme aux souhait du gouvernement dans le dossier Fortis.

Concrètement, les conseillers du Premier ministre auraient demandé aux magistrats de valider le démantèlement du groupe financier, décidé par le gouvernement début octobre afin de lui éviter la faillite alors qu’il était ébranlé par la crise financière mondiale.

Dans le cadre de ce montage, les activités bancaires belges du groupe, considéré jusque là comme un joyau national, doivent être vendues au géant français BNP Paribas. Et l’Etat néerlandais a nationalisé l’essentiel des activités aux Pays-Bas.

Mais les petits actionnaires de Fortis ont multiplié les recours judiciaires et, vendredi dernier, ils ont fini par remporter une victoire inattendue: la Cour d’appel de Bruxelles, malgré les pressions que le gouvernement est accusé d’avoir exercées, a exigé qu’ils soient consultés sur le démantèlement.

Un revers cinglant pour Yves Leterme, qui gèle le transfert des actifs belges à BNP Paribas.

Le coup de théâtre que constitue la démission de son équipe gouvernementale intervient au pire moment pour la Belgique, aux prises comme le reste de l’Europe avec une sérieuse crise économique. Elle replonge aussi le pays dans les turbulences politiques, dont il pensait être provisoirement sorti.

Depuis l’été 2007, le royaume a connu une crise quasi-interrompue en raison des disputes entre Flamands néerlandophones et Francophones sur l’avenir du pays. La Belgique a été durant cette période privée de gouvernement stable pendant neuf mois.

Dans ce contexte il faut rapidement “un nouveau gouvernement qui gouverne afin d’éviter que la crise politique aggrave la crise économique et financière”, a exhorté vendredi le responsable des Libéraux francophones à la Chambre des députés, Daniel Bacquelaine.