à New York le 17 décembre 2008 (Photo : Don Emmert) |
[20/12/2008 08:26:50] NEW YORK (AFP) L’onde de choc provoquée par l’arrestation le 11 décembre à New York de Bernard Madoff, légendaire courtier de Wall Street accusé d’une fraude “pyramidale” portant sur 50 milliards de dollars, s’est propagée depuis à travers le monde et réserve encore des surprises.
Assigné à résidence dans son luxueux appartement new-yorkais et porteur d’un bracelet électronique, Bernard Madoff, 70 ans, est pour l’instant le seul accusé dans l’affaire, mais de nombreux analystes estiment qu’il n’a pas pu agir seul pendant des décennies et que des complicités vont bientôt être mises à jour.
Depuis son interpellation, la liste de ses victimes n’a cessé de s’allonger. Des grandes banques européennes piégées pour plus de 10 milliards, des fortunes écornées, des organisations caritatives juives ruinées, et même des petits porteurs concernés: il ne se passe pas un jour sans qu’une nouvelle révélation en provenance de Madrid, Paris, Genève, Miami, Tokyo ou Londres ne vienne enrichir un scénario digne d’un roman policier.
Les enquêtes en cours au sein de la SEC, le gendarme boursier américain, pour comprendre pourquoi les alertes régulières sur les agissements suspects de la société d’investissement de Bernard Madoff n’ont jamais abouti, vont sans doute permettre de lever une partie du voile.
Outre plusieurs experts et journalistes, qui avaient écrit sur le sujet dans des revues spécialisées depuis plusieurs années, un investisseur concurrent, Harry Markopolos, soupçonnait l’existence d’un “schéma de Ponzi” –un mécanisme où l’argent des nouveaux investisseurs sert à rémunérer les plus anciens–. Il avait alerté la SEC qui avait ouvert une enquête en 2006, puis l’avait abandonnée parce que les irrégularités ne lui avaient pas semblé “suffisamment sérieuses”.
à l’escroquerie du gérant de fonds Bernard Madoff |
Les enquêteurs se penchent aussi sur un ancien employé de la SEC, Eric Swanson, qui était chargé des inspections et a quitté l’entreprise en 2006, année où il a commencé à fréquenter une nièce de Bernard Madoff qu’il a épousée en 2007.
Les régulateurs “se sont endormis au volant”, a fustigé le président-élu Barack Obama, qui a promis une réforme rapide des systèmes de contrôle financiers américains, critiqués de toutes parts.
Le FBI a lancé jeudi un appel: “Si vous pensez que vous avez été victime d’une fraude financière dans l’affaire Bernard L. Madoff, contactez-nous s’il vous plait”, écrit la police fédérale dans un communiqué.
Bernard Madoff, ancien président du conseil d’administration du Nasdaq, adepte assidu des clubs de golf de Palm Beach en Floride et membre de l’élite juive américaine, n’a plus d’amis: il n’a trouvé que deux garants –dont sa femme– sur les quatre que lui demandait le parquet.
Traqué par les caméras, il est brièvement apparu devant chez lui mercredi à son retour du tribunal, coiffé d’une casquette de base-ball noire, et n’a pas ouvert la bouche, s’engouffrant dans son immeuble d’où il ne peut plus sortir depuis vendredi. A la demande du gouvernement, le parquet l’a désormais assigné à résidence 24 heures sur 24.
La Ligue anti-diffamation (ADL) a dénoncé vendredi le flot d’injures antisémites qui ont envahi les sites internet.
“Les juifs sont toujours des boucs émissaires pratiques en période de crise, mais le scandale Madoff et le fait que tant d’investisseurs victimes de sa machination sont juifs ont créé une occasion rêvée pour les antisémites”, déclare dans le document Abraham Foxman, président de la Ligue.