Un trader dans une banque parisienne, le 8 octobre 2008 (Photo : Patrick Kovarik) |
[20/12/2008 08:30:24] PARIS (AFP) La Bourse de Paris a fait du surplace cette semaine, rattrapée par les craintes sur le secteur financier et le pessimisme croissant des entreprises, avant une fin d’année vierge de toute échéance importante.
Sur la semaine écoulée, l’indice CAC 40 a grappillé 0,38% pour terminer à 3.225,90 points, ramenant à -42,54% ses pertes depuis le 1er janvier, ce qui reste toutefois le plus mauvais bilan de ses vingt ans d’existence.
Les investisseurs ont été “une nouvelle fois échaudés par le secteur financier” après l’annonce de la gigantesque fraude montée par le gestionnaire de fonds américain Bernard Madoff, pour un montant estimé à 50 milliards de dollars, explique Natixis.
Pour Arnaud Riverain, responsable de la recherche chez Arkéon Finance, l’affaire Madoff est “presque une goutte d’eau par rapport aux sommes perdues depuis le début de l’année, mais elle montre à quel point le système financier marchait sur la tête”.
Ce nouveau scandale n’a déclenché aucun mouvement de panique, mais il contribue à nourrir l’attentisme d’un marché “peu enclin à prendre le moindre risque, faute de savoir quand la confiance pourra revenir”, a estimé M. Riverain.
La place parisienne a également souffert des lourdes pertes annoncées par BNP Paribas sur ses activités de marché, mettant fin à l’insolente résistance affichée par la banque, et de l’abaissement par Carrefour de son objectif de croissance pour 2008.
“Quand on voit l’étendue des dégâts, avec une crise qui n’épargne aucun secteur, il semble impossible que des acteurs majeurs passent entre les gouttes”, a commenté le stratégiste d’Arkéon Finance, pronostiquant une rafale d’annonces du même type au premier trimestre 2009.
Enfin, la Réserve fédérale américaine a échoué à rassurer en amenant son taux directeur dans une marge de 0 à 0,25%, à son plus bas historique, un geste si spectaculaire qu’il “fait peur”, souligne Philippe Waechter, de Natixis Asset Management.
Selon lui, cette décision “peut indiquer que l’économie est dans une +trappe à liquidités+, cette situation où le taux d’intérêt est très bas et où l’augmentation de la quantité de monnaie est sans efficacité sur l’activité économique”, rappelant fâcheusement le Japon des années 1990.
Elle illustre surtout la principale inconnue qui paralyse les marchés: l’activisme des autorités politiques et monétaires relancera-t-il l’économie, ou creusera-t-il sans résultat les déficits publics ?
“Il faudra sans doute attendre les indicateurs du deuxième trimestre 2009, en mai-juin, pour avoir un début de réponse”, juge Arnaud Riverain, pour qui les mouvements de marché risquent, dans l’intervalle, d’obéir principalement à des facteurs techniques.
Ce manque de conviction devrait être particulièrement net d’ici la fin de l’année, puisque “tout le monde est en vacances: il faut espérer tenir sur les niveaux actuels, mais il ne se passera rien de significatif”, ajoute le stratégiste.
Pour Alexandre Le Drogoff, responsable de l’analyse technique chez Aurel, cette “période de réflexion” cantonnera sans doute le CAC 40 dans une fourchette de “3.000 à 3.400 points”.
Ecourtée de deux jours, la semaine de Noël ne livrera aucun chiffre majeur, hormis les dépenses et revenus des ménages américains attendus mercredi. Celle du Nouvel An sera animée par la seule confiance des consommateurs américains, dévoilée mardi 30 décembre.