ée de Franklin Roosevelt |
[21/12/2008 09:00:09] WASHINGTON (AFP) Les vastes mesures économiques et sociales promises par Barack Obama pour remettre l’Amérique sur les rails provoquent un débat sur l’efficacité en 2009 d’un plan inspiré par le “New Deal” du président Roosevelt, dans les années 30, “inventeur” de l’Etat providence.
“Quand FDR (Franklin Delano Roosevelt) a pris ses fonctions en 1933, un Américain sur quatre était au chômage. Nous n’en sommes pas encore là, mais nous allons dans cette direction”, explique Robert Reich, un ancien secrétaire au Travail américain, professeur à l’université de Californie (ouest).
Selon lui, les comparaisons avec les années 30 sont pertinentes. “Nous sommes au bord du gouffre,” lance-t-il, ajoutant qu’un plan de sauvetage d’au moins 600 milliards de dollars “doit entrer en vigueur dès maintenant” pour redresser l’économie.
Le président élu a de nouveau promis vendredi un plan de relance “audacieux”, passant par de lourds investissements dans les infrastructures, pour sortir l’économie américaine de la récession quand il prendra ses fonctions le 20 janvier. Son montant pourrait avoisiner les 850 milliards de dollars.
écembre 2008 à Stockholm (Photo : Olivier Morin) |
“Pour nous sortir de cette spirale infernale, le gouvernement fédéral devra fournir un plan de relance comprenant de plus amples dépenses et une aide à ceux qui sont le plus dans le besoin”, estimait récemment le Prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman, dans un blog. “Il est préférable de se fourvoyer en en faisant trop qu’en n’en faisant pas assez”, ajoutait l’éminent économiste américain, soutenant le principe d’une relance par l’action publique comme dans les années 30.
D’autres experts considèrent que la situation était totalement différente et que les mythes autour de la crise de 1929 alimentent les fantasmes sur l’efficacité du “New Deal” (ndlr: “nouvelle donne”).
La plupart des historiens de l’économie reconnaissent que la politique interventionniste de FDR n’a eu qu’un impact limité sur la crise économique, qui ne s’est véritablement achevée qu’avec la Seconde guerre mondiale. “Ce qui avait pu marcher à l’époque pourrait ne pas marcher aujourd’hui”, observe Price Fishback, professeur à l’université d’Arizona et spécialiste de cette période. Selon lui, le président Roosevelt a dû secouer le gouvernement fédéral pour qu’il accepte de jouer un plus grand rôle dans l’économie. Mais les dépenses engagées étaient très inférieures à celles d’aujourd’hui.
“Ceux qui pensent qu’un plan de relance est la panacée vont aux devants de grandes déceptions”, lâche-t-il.
La mise à disposition massive de fonds publics ne saurait être efficace sur le long terme, juge Peter Morici, professeur d’économie à l’Université du Maryland (est), en conseillant d’abord de régler le mauvais fonctionnement du système bancaire et de corriger les déséquilibres commerciaux qui sapent la croissance. “Un plan de relance vous fera vous sentir mieux sur le moment, mais vous aurez besoin d’un autre tout de suite après”, assure-t-il.
Pis, d’après l’économiste Ed Yardeni, “le +New Deal+ n’a pas mis fin à la (crise de 1929). En fait, il l’a probablement aggravée”.
Les actions entreprises par FDR étaient “moins importantes que sa volonté et son agressivité pour expérimenter et faire tout ce qui était nécessaire pour relancer l’économie”, avance-t-il, tout en reconnaissant à l’ancien président américain le “courage” d’avoir su “abandonner les dogmes et de faire ce qui devait être fait”.
Le courage et l’engagement politique: c’est une des clefs de l’action de FDR, renchérit Margaret Rung, de l’université Roosevelt de Chicago, notant que l’impact des décisions de l’ancien président américain fut tout autant psychologique qu’économique.
Aujourd’hui, dit-elle, “les solutions ne seront pas les mêmes. Mais l’esprit de Roosevelt peut être utile”.