éricains flottent devant le siège de GM à Detroit, le 19 décembre 2008 (Photo : Spencer Platt) |
[21/12/2008 18:11:32] DETROIT (AFP) Le week-end précédant Noël est habituellement joyeux à Detroit, fief des trois grands constructeurs américains, mais le sort de l’automobile suspendu à un fil, jette un froid sur les festivités.
“Personne ne pouvait même penser à Noël dans mon usine jusqu’à ce que nous ayons l’argent”, dit jeff, un ouvrier, au sujet de l’aide d’urgence de 17,4 milliards de dollars (dont 13,4 d’aide immédiate) accordée par l’Etat fédéral à General Motors (GM) et Chrysler, menacés de faillite.
Le troisième des “Big Three” de Detroit, Ford, réclamait seulement une ligne de crédit de précaution.
“Vous auriez du venir la semaine dernière. Les gens voulaient partir dans le Sud et relancer la guerre civile”, dit l’employé qui s’était arrêté manger un hamburger dans un bar près d’un complexe de GM à Pontiac dans le Michigan (nord). Il faisait référence aux constructeurs étrangers qui ont installé leurs usines dans les Etats du sud où les syndicats sont absents.
“Mais maintenant, ils veulent réduire nos salaires”, peste-t-il.
Jeff, qui travaille dans une usine de GM à Flint, refuse de donner son nom de famille mais affirme que les ouvriers de GM en ont assez d’entendre qu’ils gagnent 73 dollars de l’heure. “On ne gagne rien de tel”, assure-t-il.
“Si vous regardez les défauts par véhicules, ou les heures nécessaires pour assembler une voiture, nous sommes aussi bons que la concurrence”, dit Jeff.
“Mais maintenant, ils ont cette nouvelle (statistique) sur le coût du travail par véhicule”.
“Ils ne devraient même pas inclure les retraites parce que c’est totalement séparé et auto-alimenté”, proteste Jeff, qui après 22 ans chez GM devra encore travailler huit ans pour toucher sa retraite.
“Je suis quelqu’un d’optimiste. J’essaye d’être positif”, dit Michael Thomas, 35 ans, qui travaille pour GM à Orion, en faisant ses courses dans le vaste centre commercial Great Lakes Crossing, situé entre Flint et Pontiac, deux villes où GM a supprimé des milliers d’emplois ces trois dernières années.
“A l’usine, il y a beaucoup de rumeurs. On entend une chose et puis une autre”, dit cet employé de seconde génération chez GM, après son père et sa mère, ouvriers à Flint pendant plus de 30 ans.
“Dans le business, il y a des hauts et des bas. J’essaye de rester calme”, ajoute l’ouvrier, qui travaille sur un site qui ne devrait pas réouvrir avant début février et s’apprête à supprimer 1.100 emplois.
Pour Michael Thomas, le plan de sauvetage offre à GM une occasion unique, qui n’aurait peut-être pas été possible sans la crise.
“Quel meilleur moment pour changer et montrer aux gens ce dont on est capable, que lorsque tout le monde vous regarde”, clame le jeune homme.
Le centre commercial lui-même témoigne des difficultés économiques locales. Le parking, ordinairement bondé, est clairsemé et les magasins affichent des rabais de 30, 40, voire 60%.
Le gérant des magasins Watches Plus a noté qu’au lendemain de Thanksgiving, traditionnellement l’une des journées les plus rentables de l’année, les ventes avaient chuté de 50%.
“Noël, c’est important pour la famille. Mais s’il n’y a pas d’argent, les cadeaux sont moins gros. Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre?”, déplore Juan Fragoso de Clarkston, un ouvrier du bâtiment qui a perdu son travail il y a trois semaines quand les sous-traitants ont été obligés d’interrompre un vaste projet de construction près de Pontiac par manque de financement.
Sa femme travaille au centre commercial, mais les emplois se font rares, dit-il.
Le taux de chômage était de 9,6% en novembre dans le Michigan, et il pourrait encore grimper dans les prochains mois. Selon George Fulton, économiste à l’Université du Michigan, ce taux pourrait même atteindre 15% dans la zone proche des sites des constructeurs.