Ouverture d’un nouvel hôtel-casino à Las Vegas, pied de nez à la crise

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à New York (Photo : Bryan Bedder)

[22/12/2008 12:12:23] LAS VEGAS (AFP) Ses concurrents voient le cours de leurs actions s’effondrer en Bourse et l’ombre de la faillite planer, mais le magnat de Las Vegas Steve Wynn n’en a cure: il s’apprête sans sourciller à ouvrir lundi les portes d’un nouvel hôtel-casino géant.

Modestement baptisé Encore, le complexe qui a coûté 2,3 milliards de dollars, comporte 2.000 chambres et est adjacent au Wynn Las Vegas, présent depuis déjà trois ans sur le Strip, la principale artère de la ville du jeu. Il doit ouvrir ses portes alors même que Las Vegas connaît ses heures les plus sombres depuis des décennies.

Mais Steve Wynn, 66 ans, est convaincu qu’il passera au travers des gouttes.

“Je ne dois pas un centime personnellement et le groupe est solide comme un roc”, proclame fièrement le PDG de Wynn Resorts Ltd. “C’est pour cela qu’on vient d’intégrer le S&P 500 (indice boursier qui regroupe les 500 grandes sociétés cotées aux Etats-Unis). Nous ne sommes pas en danger. Nous sommes très chanceux”, dit-il.

Wynn Resorts, qui possède également le Wynn Macau, hôtel de 600 chambres à Macao, et prévoit de créer une extension baptisée Encore Macau d’ici fin 2009, a tout de même souffert de la crise économique.

Mais, alors que l’entreprise a perdu la moitié de sa valeur en Bourse cette année, ses rivaux ont été plus sévèrement touchés, MGM Mirage perdant plus de 80% de sa valeur et Las Vegas Sands plus de 90%.

Ces deux groupes ont du prendre des mesures drastiques pour accroître leurs liquidités. MGM Mirage a notamment vendu le complexe hôtelier Treasure island de Las Vegas au début du mois pour 775 millions de dollars, un hôtel bâti et géré par le groupe Wynn jusqu’à son rachat en 2000.

Et Las Vegas Sands a remercié 11.000 employés à Macao, lorsque le groupe y a gelé ses constructions. Son actionnaire principal, Sheldon Adelson a aussi injecté un milliard de dollars de sa poche dans le groupe.

“Wynn a le meilleur bilan de tous les groupes gérant des casinos à l’heure actuelle”, a affirmé Bill Lerner, expert auprès de la Deutsche Bank, qui a financé plusieurs projets de M. Wynn au cours des dernières années.

Il “est plus judicieux et plus prudent que ses pairs, et ne construit pas plus que ce qu’il peut se permettre”, explique-t-il, des termes qui n’auraient sans doute pas été employés il y a une dizaine d’années quand M. Wynn a construit le Bellagio, l’hôtel le plus cher du monde à l’époque, avec 1,6 milliards de dollars.

Dans sa course folle avec Mirage, qui a lancé la mode des méga complexes hôteliers à thème à Las Vegas dans les années 1990, M. Wynn avait dépensé avec une telle frénésie en détails luxueux, que Wall Street l’avait sanctionné, faisant chuter ses actions et provoquant son rachat par le milliardaire Kirk Kerkorian.

“Quand un type de Wall Street qui n’y comprend rien désapprouve, cela prouve juste qu’il ne comprend rien à cette activité, et à la création de lieux de loisirs”, a commenté M. Wynn, qui a réussi depuis à rebâtir son empire.

Le magnat des casinos est l’une des vedettes de la ville du jeu, mais il est aussi à l’aise avec les stars hollywoodiennes – il a répondu à un coup de téléphone de Clint Eastwood en présentant son hôtel à la presse – qu’avec les clients ordinaires.

Et il a de l’humour. En faisant visiter son hôtel, M. Wynn s’est ainsi brusquement arrêté pour vérifier si les roues fixées aux baskets d’un adolescent ne risquaient pas d’abimer une mosaïque au sol.

“Qui êtes-vous?”, a demandé le père du jeune homme.

“Je travaille ici, c’est tout”, a répliqué malicieusement M. Wynn avec un grand sourire.