Malgré la crise, Moscou se dote d’un magasin de luxe pour enfants

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écembre 2008 à Moscou (Photo : Dmitry Kostyukov)

[23/12/2008 10:38:42] MOSCOU (AFP) Pour les bambins de l’élite russe, la joie des fêtes de fin d’année n’a pas de prix et le père Noël n’hésite pas à débourser des liasses de billets d’un cadeau à l’autre, même en période de crise.

Dans “La galerie pour enfants Iakimanka”, qui a ouvert ses portes début décembre au coeur de Moscou à quelques centaines de mètres d’une gigantesque statue de Lénine, rien n’est laissé au hasard.

Dans les allées, des sapins richement décorés et des Pères Noël mécaniques rappellent aux parents qu’en fin d’année, il faut casser sa tirelire, même si la poupée en porcelaine coûte la bagatelle de 50.900 roubles (1.275 euros).

Une dépense qui ne semble pas si exagérée, à côté de la voiture à pédale, Ferrari bien sûr, affichée à 115.000 roubles (2.875 euros) et du manteau Galliano à 61.000 roubles (1.525 euros).

La direction du magasin ne s’en cache pas, sa clientèle, ce sont les 5% de Moscovites les plus riches, ceux qui ne rechignent pas nécessairement devant un landau à plus de 2.000 euros.

“Nos clients sont des gens aisés et respectables qui ont des enfants”, souligne Ekaterina Goudima, la directrice des relations publiques de cette gallerie appartenant à Detski Mir.

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à 8.000 dollars dans un magasin de luxe pour enfants en décembre 2008 à Moscou (Photo : Dmitry Kostyukov)

La crise économique mondiale, qui a entraîné en Russie une chute vertigineuse de la Bourse, la dévaluation du rouble et une hausse du chômage, n’inquiète guère la responsable.

“Je ne m’imagine pas qu’un enfant qui portait (avant la crise) du Dolce Gabbana, du Dior, du Missoni, puisse remplacer ces vêtements par d’autres, quelconques, fabriqués en Chine ou en Turquie”, relève Mme Goudima, qui affirme remplir ses objectifs de vente.

“La première boutique de Cartier a été ouverte à Moscou en 1991 (année de la chute de l’URSS), à un moment très difficile. Westfield, géant britannique des centres commerciaux, vient d’ouvrir en octobre. La récession, ce n’est pas une raison pour paniquer”, assure-t-elle.

Les clients du magasin qui défilent dans les allées illuminées lui donnent bien volontiers raison.

“Ma fille est aimée, et nous pouvons nous permettre d’acheter une belle robe. On n’économise pas sur les enfants”, estime Elena Izmalkina, une directrice financière qui cherche à habiller sa fille pour la soirée du Nouvel an, la principale fête de famille en Russie.

Anna Promyslova, une mathématicienne venue avec son fils Alex de trois ans, assure de son côté choisir les jouets non pas en fonction de leur caractère luxueux, mais de la qualité.

“Je veux acheter un train pour mon fils comme cadeau pour le Nouvel an. C’est sûr que c’est cher, mais le détail important pour moi c’est la qualité des produits avec lesquels il joue”, insiste-t-elle.

La galerie pour enfants Iakimanka ne limite pas son offre luxueuse à la mode, aux jouets et aux peluches. La culture y est aussi extravagante, avec des livres “de collection”, agrémentés de pierres semi-précieuses et d’argent.

Si votre chérubin veut découvrir ici les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, il vous en coûtera 8.375 euros pour acquérir l’un des 55 exemplaires de ce tirage. L’oeuvre d’Alexandre Pouchkine, à côté, fait figure de bonne affaire, le prix n’étant “que” de 6.250 euros.

“Ces livres doivent devenir une relique familiale, que l’enfant transmettra à ses enfants, à une autre génération. Il pourra ainsi devenir un collectionneur, donner naissance à une tradition familiale”, explique Semion Beloous, qui dirige le rayon littérature.