édition du Tournoi de Poker Européen le 8 février 2006 au Casino Barrière de Deauville (Photo : Mychèle Daniau) |
[23/12/2008 14:39:47] PARIS (AFP) Tournois richement dotés, tables de jeu rajeunies et bondées: le très populaire Texas hold’em poker flambe dans les casinos avant de s’installer sur les sites en ligne d’ici un an avec l’ouverture du marché français aux jeux d’argent, selon une enquête de l’AFP.
Arrivé au printemps 2007, le poker a insufflé un regain d’activité et un coup de jeune aux casinos français, affectés par une perte historique de 10% de leur chiffre d’affaires en 2008 due à l’interdiction de fumer et à la crise économique.
Actuellement plus de la moitié des 197 casinos français ont reçu l’autorisation d’exploiter le poker.
Ainsi 25 des 35 casinos du groupe Barrière, premier casinotier français, ont installé un total de 70 tables qui ont accueilli plus de 100.000 joueurs, soit 10 millions de chiffre d’affaires (20% du CA des jeux de tables). En 2008, ajoute Christian Meunier, directeur général des opérations du groupe, 3.000 joueurs ont participé à 500 tournois payants dans ces casinos.
Le casino de Deauville (Normandie) organisera du 20 au 24 janvier l’étape française de la 5e saison du prestigieux European poker tour (EPT) où les 700 joueurs attendus s’affronteront pour un total de 3,360 millions d’euros de prix après avoir déboursé chacun 5.300 euros de frais d’inscription.
“Le poker a créé des emplois”, relève Laurent Lassiaz, président du directoire de Joagroupe, troisième casinotier français, dont 10 des 20 établissements ont ouvert des tables de poker. Jaogroupe offrira prochainement au vainqueur de son tournoi de poker la somme de 100.000 euros.
A La Siesta d’Antibes (Côte d’Azur), Joagroupe teste, annonce M. Lassiaz, la première table de poker électronique où, sous la surveillance d’un croupier, les joueurs de poker peuvent s’initier au poker, pour une mise d’un euro. Une expérience suivie avec intérêt par les 197 casinos français mais avec beaucoup de réticence par les syndicats des employés de casinos qui craignent des suppressions d’emplois au sein de la profession (18.000 emplois).
Cette vogue du poker dans les casinos se manifeste aussi par l’existence d’une dizaine d’émissions télévisées et d’autant de magazines écrits spécialisés.
Mais les grands groupes – Barrière, Partouche, Joagroupe, Tranchant – ont aussi les yeux fixés sur le second semestre de l’année 2009 qui doit marquer l’ouverture des jeux d’argent et de hasard (JAH) à la concurrence du marché français demandée par la Commission européenne.
Les trois opérateurs légaux du monopole des JAH en France (Française des Jeux, PMU, casinotiers, soit un chiffre d’affaires 2007 de près de 21 milliards d’euros) seront confrontés avant la fin 2009 à des opérateurs privés sur le marché des jeux (paris hippiques et sportifs et poker).
Et le marché du poker en ligne promet d’être particulièrement juteux si l’on en croit les spécialistes. Selon Graham Wood, consultant international spécialisé dans les jeux en ligne, le chiffre d’affaires annuel des sites de poker en ligne pourrait atteindre un milliard d’euros. Pour M. Lassiaz, le marché annuel français des jeux en ligne se situerait à 800 millions d’euros, dont 60% pour le poker.
Ces sites se rémunèrent, tout comme les casinos français, avec un pourcentage sur les parties de 4 à 5% sur les mises engagées par les joueurs. En trois mois, les trois opérateurs en Italie, qui vient de s’ouvrir au poker en ligne, ont engrangé 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, dit M. Wood.