[23/12/2008 11:28:16] PARIS (AFP)
à Bordeaux (Photo : Jean-Pierre Muller) |
Maigre cadeau de Noël pour l’économie française, la consommation des ménages a résisté en novembre grâce à la baisse des prix, mais cette légère embellie ne permettra pas d’éviter un recul du PIB au quatrième trimestre, préviennent les économistes.
Après un mois d’octobre en baisse (-0,5%), la consommation en produits manufacturés a rebondi de 0,3% en novembre, a indiqué mardi l’Insee.
“Au plus fort de la tempête, la consommation ne décroche pas, alors que tous les autres pans de l’économie souffrent: production industrielle, commerce extérieur, investissement…”, commente Alexander Law, du cabinet Xerfi.
Cette résistance coïncide avec le reflux de l’inflation, tombée dans le sillage des prix du pétrole à 1,6% en novembre (après 2,7% en octobre), ce qui a contribué à redonner du pouvoir d’achat aux ménages.
L’équipement du logement a notamment progressé en novembre (+3,4%) grâce au dynamisme des produits de l’électronique grand public.
A l’inverse, les achats dans l’habillement se sont repliés de 1%.
Surtout, l’automobile a poursuivi sa descente aux enfers, les achats plongeant de 2,1% après avoir déjà reculé de 1,5% en octobre.
“Sans le secteur automobile, la consommation aurait progressé de 1,1%”, a-t-on calculé à Bercy. “C’est ce qui tire les dépenses à la baisse et ce qui prouve que la prime à la casse est arrivée au bon moment”, indique-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.
êt de production dans une usine PSA Peugeot Citroën à Montbelliard, le 10 decembre 2008 (Photo : Sebastien Bozon) |
Cette mesure du plan de relance de l’économie prévoit une prime de 1.000 euros pour les véhicules de plus de dix ans, en échange de l’achat d’un véhicule particulier ou d’un utilitaire léger émettant moins de 160 g/km de CO2.
Selon le ministre de la Relance, Patrick Devedjian, elle entraînera la vente “de l’ordre de 100.000 voitures supplémentaires” sur une année.
“La prime à la casse permettra peut-être de limiter les dégâts (…), mais cela sera sûrement insuffisant pour empêcher une baisse des immatriculations l’année prochaine”, tempère pour sa part Alexander Law, soulignant que l’aversion au crédit restera un frein important au cours des mois à venir.
Surtout, le léger rebond de la consommation ne permettra pas “d’empêcher un net recul du Produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre”, avance Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis.
Après une maigre progression de 0,1% au troisième trimestre 2008, l’Insee prévoit un effondrement de 0,8% au dernier trimestre, suivi d’un nouveau recul de 0,4% au premier trimestre 2009.
La Banque de France table de son côté sur un recul du PIB de 0,7% au quatrième trimestre.
M. Caffet s’attend notamment à ce que les exportations aient reculé de manière drastique au quatrième trimestre, et à un investissement des ménages et des entreprises très “dégradé”.
“La France ne sortira de la crise que par la grâce de la résistance des dépenses des ménages”, traditionnel moteur de la croissance, souligne Alexander Law.
Si celle-ci devait continuer de profiter de la baisse des prix, elle pourrait à l’inverse pâtir de perspectives très assombries sur le front de l’emploi, mettent en garde les économistes.
Ainsi, pour Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, “les déterminants traditionnels de la consommation -chômage, marché de l’immobilier, production de crédits à la consommation- vont rester mal orientés ces prochains mois”.