L’Amérique latine à nouveau dans la tourmente économique en 2009

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à Buenos Aire le 22 mai 2002 (Photo : Ali Burafi)

[24/12/2008 07:46:47] SANTIAGO (AFP) L’année prochaine la croissance régionale, de 4,6% en 2008, tombera à environ 1,9%, selon de récentes prévisions de la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL), un organisme dépendant des Nations Unies et basé à Santiago.

Mais ce scénario reste le plus optimiste, puisqu’il prend en compte un redresssement des économies des pays développés dans le second semestre de 2009.

“Si le redressement des économies développées n’est pas au rendez-vous, la croissance régionale sera nulle” en 2009, assure Alicia Barcera, la secrétaire exécutive de la CEPAL.

Les spécialistes abondent généralement dans ce sens, ce qui constitue une chute brutale de la croissance par rapport aux premières estimations de 4% faites il y a six mois.

“Les perspectives de croissance pour l’années prochaine en Amérique Latine continuent à être revues à la baisse” indique à l’AFP M. Claudio Loser, l’ancien directeur du département de l’hémisphère occidental du Fonds Monétaire International (FMI).

“Après une période où l’on croyait que la situation de la région était très solide, on a commencé à réaliser la force de l’impact de la chute de l’activité dans les pays industriels et avancés comme la Chine et l’Inde, plus l’écroulement des prix des matières premières et un marché financier en situation de paralysie virtuelle”, explique le spécialiste.

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à Sao Paulo. (Photo : Mauricio Lima)

Dans ses conditions “on peut envisager une croissance de 1% du PIB avec de fortes probabilités que l’on arrive à une stagnation”, ajoute M. Loser.

“L’estimation de la croissance va aller en diminuant, je n’en ai aucun doute. La situation est complexe”, affirme à l’AFP l’économiste chilien Ricardo French-Davis.

Autre point noir, la stagnation menace de réduire à néant ce qui a été réalisé dans la région pour combattre la pauvreté dans les six dernières années lorsque une croissance moyenne de 5% avait fait reculer le taux de pauvreté pour 40 millions de personnes.

La crise frappera les secteurs au plus faible pouvoir d’achat, augmentant le chômage et réduisant les virements en provenance des familles de latino-américains vivant à l’étranger, ce qui agrandira le fossé existant entre les plus riches et les plus pauvres.

Le chômage, touchant aujourd’hui 16 millions de personnes en Amérique latine, passera de 7,5% en 2008 à 8,1% , soit près de 1,8 million nouveaux chômeurs.

En conséquence, la pauvreté dépassera le chiffre actuel de 182 millions de personnes représentant 33,2% de la population totale.

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à Sao Paulo. (Photo : Mauricio Lima)

Selon la CEPAL, les secteurs les plus touchés seront les activités où le taux des femmes est le plus élevé comme le commerce, les services financiers, le tourisme, l’industrie manufacturière, la restauration et les emplois domestiques.

L’ensemble des pays de la régions seront touchées mais en particulier les trois trois économies les plus fortes : le Mexique, le Brésil et l’Argentine.

La CEPAL évalue que la baisse de rentrées des impôts se situera entre 2,4 et 3,4 points du PIB.

Dans le cas de l’Argentine, qui a connu une croissance de 6,8% en 2008, les spécialistes s’attendent à une nouvelle crise, due principalement à la chute de ses exportations, d’une baisse de la consommation et de la raréfaction du crédit, note l’économiste argentin Santiago Urbiztondo, de la fondation Fiel.