Une crise économique brutale dont personne ne peut prédire l’ampleur

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ère plan du panneau de Wall Street à New York le 16 août 2007 (Photo : Timothy A. Clary)

[28/12/2008 12:39:24] PARIS (AFP) La soudaine paralysie du système bancaire et financier en septembre s’est transformée en une crise économique mondiale qui n’épargne aucune région et dont personne ne peut encore prédire l’ampleur.

Depuis octobre, les grandes entreprises de la planète suppriment des emplois par dizaines de milliers tandis que les petites sont menacées par la faillite. Le chômage augmente à grande vitesse dans la plupart des pays. La récession est déjà là pour beaucoup.

Les événements se sont enchaînés à une vitesse spectaculaire depuis le 15 septembre, jour où la banque américaine Lehman Brothers dépose son bilan.

Alors que l’on s’interrogeait encore sur la profondeur de la crise des “subprime”, qui avait éclaté l’année précédente aux Etats-Unis, la chute de ce grand nom de Wall Street jette la suspicion sur tout le secteur bancaire et fait craindre des faillites en chaîne dans le monde.

Tout d’un coup, les banques refusent de se prêter des fonds, ce qui entraîne un gel du crédit qui asphyxie l’économie.

Les gouvernements des pays développés, les principales victimes de la crise, montent au créneau avec des plans de sauvetage colossaux (700 milliards de dollars aux Etats-Unis), allant jusqu’à nationaliser certaines banques, comme la franco-belge Dexia.

Les pays du G7 s’engagent à ne plus laisser tomber en faillite aucune institution financière majeure, mais sans mettre un terme à la pire crise financière depuis 1929, comme le juge l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), qui prévoit des dérèglements financiers “jusqu’à fin 2009”.

L’économie n’a pas résisté longtemps à la crise de la finance. L’OCDE parle de la récession “la plus sévère depuis le début des années 80” et n’envisage pas d’embellie pour la plupart des pays avant “le second semestre 2010”.

Si les géants émergents comme la Chine ou l’Inde devraient éviter la récession, leur économie, qui atteignait des rythmes de croissance de 11% et 9% environ respectivement, va nettement ralentir, sonnant le glas de la théorie du “découplage”.

Les marchés en tirent les conséquences: chute des Bourses et un prix du pétrole divisé par trois. Les cours des autres matières premières dégringolent aussi devant la perspective d’un effondrement de la demande. Un peu partout dans le monde, les professionnels de l’immobilier s’attendent au pire.

La spirale inflationniste qui a sévi dans le monde entre les étés 2007 et 2008 a fait place à une “désinflation” que de nombreux économistes craignent de voir se muer en “déflation”.

Les banques centrales tentent de parer au pire en baissant énergiquement leurs taux d’intérêt sans parvenir à rassurer. La Réserve fédérale américaine, qui a déjà ramené son taux directeur à 1%, touche elle aux limites de son action sur les taux.

Les pays touchés mettent en place des plans de relance, en Europe et même en Chine. Aux Etats-Unis, le président-élu Barack Obama réclame un plan “tout de suite”.

“Il y a deux problèmes auxquels personne ne sait répondre”, analyse Elie Cohen, directeur de recherche en économie au CNRS: “l’effet du désendettement du système bancaire et la profondeur et la durabilité de la récession”.

Face à cette incertitude, “l’attitude consiste pour chacun à geler les liquidités dont il dispose, à consommer et prêter moins”. “On est entré dans un monde totalement nouveau dans lequel le système financier mondial se grippe et aucune thérapie ne fonctionne”, estime-t-il.