[29/12/2008 19:41:46] PARIS (AFP)
çais depuis 2006 (Photo : Laurence Saubadu) |
La France a bien échappé de peu à la récession au troisième trimestre, avec une croissance de tout juste 0,1% confirmée lundi par l’Insee, mais elle ne devrait pas être en mesure de l’éviter très longtemps, malgré un plan de relance coûteux pour les finances publiques.
Ce chiffre de 0,1% corrobore une première estimation dévoilée par l’Institut de la statistique mi-novembre.
Après avoir enregistré un recul de 0,3% de son Produit intérieur brut entre avril et juin, la France évite ainsi un deuxième trimestre consécutif de baisse du PIB, qui marque, selon la définition communément admise, l’entrée en récession d’une économie.
Un résultat d’autant plus surprenant que la plupart de ses voisins européens ont déjà sombré dans la récession, Allemagne en tête.
Grâce à cet acquis, la France devrait s’en sortir avec une croissance de 0,8% cette année, contre 2,1% en 2007, d’après l’Insee et la Banque de France. Le gouvernement espère lui toujours “environ 1%”.
Ce sursis devrait être néanmoins de courte durée. L’Insee s’attend à ce que la France bascule dans la récession au début de l’année prochaine pour la première fois depuis 1993: elle prévoit un effondrement de son PIB de 0,8% au dernier trimestre 2008, suivi d’un nouveau recul de 0,4% au premier trimestre 2009.
Mais le gouvernement compte sur son plan de relance de 26 milliards d’euros pour parvenir à une croissance comprise entre “0,2% et 0,5%” l’an prochain.
Ce plan, essentiellement ciblé sur l’investissement, est pourtant jugé insuffisant par nombre d’économistes, alors que tous les indicateurs sont au rouge.
“Quelles que soient les aides qu’on leur donne, les entreprises n’investiront pas tant que la visibilité conjonturelle ne sera pas un tant soit peu améliorée”, note Alexander Law, analyste au cabinet Xerfi.
Selon lui, il faudrait y ajouter une série de mesures en faveur des ménages “qui ont un peu été laissés de côté”, par exemple “des baisses sectorielles de TVA ou des aides aux revenus les plus modestes pour les inciter à consommer”.
Un soutien d’autant plus nécessaire que la remontée “rapide et brutale du chômage va continuer d’exercer une terrible pression sur les revenus des ménages”, prévient l’économiste.
Le gouvernement n’a d’ailleurs pas exclu d’annoncer de nouvelles mesures si son plan s’avérait insuffisant, au risque d’alourdir encore un peu la facture pour les finances publiques.
Face à l’ampleur de la crise, il a d’ores et déjà tiré un trait sur son souhait de les ramener à l’équilibre en 2012. “Nous n’avons pas le choix: ne rien faire nous coûterait bien plus cher”, avait prévenu Nicolas Sarkozy début décembre.
L’an prochain, le déficit public devrait ainsi être propulsé à 3,9% du PIB, bien au-delà des 3% autorisés par Bruxelles.
Mais la crise devrait peser dès cette année sur les résultats des entreprises et sur la consommation des ménages, amputant d’autant les rentrées fiscales de l’Etat.
Le ministre du Budget Eric Woerth a ainsi préparé les esprits à de mauvaises surprises, annonçant lundi dernier que les prévisions de recettes au titre de l’impôt sur les sociétés pour le dernier acompte de 2008 n’étaient “pas optimistes”.
Parrallèlement, la dette publique continue de s’alourdir: elle a atteint 1.284,8 mds d’euros au 30 septembre, soit “approximativement” 66,1% du PIB, selon l’Insee, alors que la limite est fixée à 60% par Bruxelles.