à Mulhouse (Photo : Frédérick Florin) |
[29/12/2008 16:17:24] PARIS (AFP) Le tribunal de commerce de Paris a accepté lundi le plan de reprise du fabricant de fil à broder DMC SA, filiale du groupe quasi tricentenaire DMC, par la société française de conseil Bernard Krief Consulting, qui prévoit de préserver 245 emplois sur 382 en France.
Sur les 137 autres salariés, 107 seront licenciés et trente partiront en préretraite. A l’international, les 86 emplois sont maintenus.
Les trois sites de DMC SA à Mulhouse (production), Illzach (administration et logistique) dans le Haut-Rhin et Paris, où se trouve une partie des services commerciaux, continueront à fonctionner.
La décision du tribunal de commerce sauve le dernier vestige d’un des fleurons historiques du textile français, frappé de plein fouet par la concurrence asiatique et une demande en berne.
En difficulté chronique depuis 15 ans –ses effectifs ont fondu de 9.000 salariés en 1995 à un peu plus de 400 actuellement–, le groupe DMC (Dollfus Mieg et Cie), mondialement connu pour ses fils à broder, a été placé en redressement judiciaire le 5 mai.
DMC SA est la dernière filiale du groupe a être cédée après DMC Tissus –repris en août par le pakistanais Kohinoor associé à Bernard Krief Consulting– et les magasins Loisirs et Création, repris partiellement en juillet par un consortium mené par un fonds d’investissement de la banque Natixis.
“Notre stratégie est de faire de DMC SA une marque leader mondial du textile du bien-être”, a déclaré Louis Petiet, président de Bernard Krief Consulting, interrogé au téléphone par l’AFP.
“Nous allons renforcer la branche fil à broder qui restera la vitrine du groupe mais aussi nous développer dans de nouveaux métiers sous la marque +DMC since 1746+ comme l’habillement, le sportswear, le linge de maison et le linge de salle de bain”, a-t-il ajouté, estimant que cela devrait permettre de “multiplier par quatre les ventes du groupe en dix ans”.
Après plusieurs désistements, Bernard Krief Consulting et le fabricant français de textile Blanchard SA, associé à la société Synextile, étaient les deux seuls candidats encore en lice pour la reprise de DMC SA.
Le projet de Bernard Krief Consulting avait recueilli le 16 décembre la majorité des voix des représentants du personnel de l’entreprise, devant celui de Blanchard.
Selon ce plan, Bernard Krief Consulting détient 65% du capital et deux investisseurs alsaciens, l’entreprise Francis Muller et Edouard Hudsch 35%.
Le repreneur prévoit de créer, à côté de DMC SA, une nouvelle société -DMC New World- chargée notamment du marketing et de la distribution à l’international.
“Nous sommes satisfaits car ce plan est le meilleur pour les salariés”, s’est félicitée Graziella Stephana, déléguée syndicale de la CFTC.
“Le repreneur a aussi une assise financière qui tient la route et il maintient les trois sites de la société”, a-t-elle ajouté.
“Ce projet va permettre de préserver des emplois, mais nous avons très peur qu’il ne soit pas pérenne et que Bernard Krief Consulting décide de nous liquider d’ici un an ou deux”, a estimé de son côté Chantal Haller de la CFDT.
La décision du tribunal interdit aux repreneurs de procéder à des licenciements économiques pendant deux ans.
L’origine du groupe DMC remonte à 1746, lorsque l’artiste peintre Jean-Henri Dollfus s’était allié à trois négociants pour créer à Mulhouse un atelier d'”indiennes”, toiles de coton imprimées des colonies qui avaient rapidement fait la “mode”.