Au sommet de sa popularité, le Livret A arrive dans toutes les banques

[30/12/2008 17:41:39] PARIS (AFP)

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à Caen d’un livret A de la Caisse d’Epargne (Photo : Mychèle Daniau)

Plus populaire que jamais grâce à un taux encore attractif – mais qui devrait fortement baisser le 1er février – et à la crise financière, le Livret A sera commercialisé par toutes les banques à compter du 1er janvier, une réforme exigée par Bruxelles.

L’ouverture met fin à l’exclusivité de la Caisse d’Epargne, de la Banque postale et du Crédit Mutuel (pour le Livret Bleu), dépositaires des 46 millions de Livrets A déjà ouverts.

Leurs concurrents se sont déjà placés à coup d’offres promotionnelles afin de capter une partie de cette manne de presque 133 milliards d’euros, même si 70% environ des sommes collectées seront centralisées auprès de la Caisse des dépôts.

Peu de chiffres circulent, mais les pré-réservations semblent aller bon train. Seule à s’exprimer officiellement, Société Générale faisait état, début décembre, de plusieurs centaines de milliers de réservations, le chiffre dépassant les prévisions initiales de la banque.

“Il va y avoir un fort mouvement” des distributeurs historiques de ce produit vieux de 190 ans vers les autres banques, prévoit Sébastien Papillon, manager services financiers au sein du cabinet Sia Conseil.

Dans une étude, Sia évalue la perte des commissions perçues sur le Livret A à environ 30% pour la Caisse d’Epargne et la Banque postale. Au total, selon l’étude, la généralisation du Livret A amputerait d’un milliard d’euros le Produit net bancaire (équivalent du chiffre d’affaires) des distributeurs actuels.

Outre les transferts entre établissements, les nouvelles banques distributrices font état d’un volume important de clients ouvrant leur premier livret. Cela devrait contribuer à augmenter les sommes déposées, lesquelles financent le logement social par l’intermédiaire de prêts accordés par la Caisse des dépôts.

Mais l’effet pourrait être atténué par la baisse du taux, qui devrait intervenir au 1er février. Selon les données statistiques actuellement disponibles, la rémunération pourrait ainsi passer de 4%, un sommet depuis 1996, à 2,75%, voire moins.

Cependant, compte tenu de la conjoncture, le gouvernement n’a pas écarté la possibilité d’atténuer la baisse des taux. Le ministère de l’Economie indique qu’aucune décision ne sera prise avant la mi-janvier, une fois disponible l’ensemble des chiffres permettant le calcul.

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, qui décide de l’application ou non du mécanisme de calcul, a récemment estimé qu’un maintien du taux “serait un obstacle au redémarrage de la croissance”.

“Baisser le taux du Livret A, c’est baisser les taux des prêts aux HLM, ce qui est bon pour l’activité économique”, a-t-il expliqué.

Les Français sont traditionnellement sensibles à une baisse importante du taux du Livret A. Ainsi, à l’été 1999, le passage de de 3% à 2,25% avait entraîné des sorties nettes de 5,5 milliards d’euros en quatre mois.

Néanmoins, même en cas de forte baisse du taux, le Livret A devrait bénéficier, outre l’élargissement de la distribution à tous les réseaux, de la crise financière.

“L’éclatement de la crise bancaire et sa diffusion au reste de l’économie a suscité un sentiment de panique chez les épargnants qui ont avant tout cherché à protéger leurs économies. Ils se sont donc précipités sur les placements les plus sûrs”, au premier rang desquels le Livret A, a estimé le cabinet Seeds Finance.

Les derniers chiffres disponibles font, en effet, de 2008 une année record en matière de collecte, avec 12,5 milliards d’euros à fin octobre.