Trichet : prudent sur les taux, s’inquiète des risques de déflation

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ésident de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, le 8 décembre 2008 (Photo : Dominique Faget)

[30/12/2008 17:38:51] FRANCFORT (AFP) Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, reste prudent face à de nouvelles baisses de taux mais s’inquiète d’une inflation trop basse, dans un entretien à paraître mercredi.

“Nous nous concentrons sur l’impact de nos décisions précédentes”, a-t-il déclaré au quotidien allemand Die Börsen-Zeitung, selon une copie de l’entretien diffusée à l’avance.

“Nous avons déjà abaissé nos taux de 175 points de base dans un très bref délai. Cette impulsion est, à l’heure actuelle, loin d’être complètement transmise à l’économie”, a ajouté le Français.

La BCE a abaissé à trois reprises depuis début octobre son principal taux directeur, aujourd’hui à 2,50%, pour lutter contre la dégradation rapide de la situation économique dans la zone euro.

La dernière baisse était d’une ampleur inégalée pour la jeune institution européenne, à 75 points de base. Mais, depuis, plusieurs responsables de la BCE, dont son président, ont laissé suggérer une pause lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de janvier, contrecarrant les attentes des analystes.

Dans l’entretien au Börsen-Zeitung, M. Trichet a semblé tempérer quelque peu ses propos: “cela dit, comme je le souligne toujours, nous n’avons pas de préjugés et nous faisons toujours tout ce qui est nécessaire pour ancrer solidement les projections d’inflation à moyen terme”.

Il a insisté à plusieurs reprises sur le fait que la BCE doit, “en toutes circonstances, délivrer la stabilité des prix”. “Ne l’oubliez pas, notre définition de la stabilité des prix à moyen terme est de +moins de 2%, mais proche+”, a-t-il ajouté.

La semaine dernière, M. Trichet avait déjà expliqué lors d’une conférence à Paris que l’inflation devait rester proche de 2%. Une manière pour lui de souligner que la BCE ne veut pas d’un taux trop bas, et surtout pas d’une déflation qui risquerait d’handicaper durablement l’activité économique.

En novembre, l’inflation est tombée à 2,1% en zone euro. Et en Allemagne, la première économie de la zone euro, elle a très nettement ralenti en décembre, à 1,1% selon des chiffres encore provisoires.

“Cela ouvre la voie à une baisse des taux en janvier sans l’annoncer”, a commenté Holger Schmieding, économiste de Bank of Amerika, interrogé par l’AFP. “Le débat interne n’est pas probablement pas terminé, la BCE a encore trois semaines devant elle”, a-t-il ajouté.

Pour Fabienne Riefer, de Postbank, la décrue continue de l’inflation va se poursuivre dans les mois qui viennent, accroissant la pression mise sur la BCE. “L’inflation dans la zone euro pourrait être inférieure à 1% à la mi-2009, avant de remonter en fin d’année”, estime-t-elle dans une note.

Conclusion, l’économiste mise sur un taux directeur abaissé à 2% au cours du premier trimestre.