[31/12/2008 22:54:04] NEW YORK (AFP)
Bourse de New York, le 14 octobre 2008 (Photo : Stan Honda) |
La Bourse de New York a tourné mercredi la page d’une année cauchemardesque, la pire depuis 1931, et espérait avoir touché le fond, ayant perdu toute illusion face à une crise économique qui s’annonce profonde et longue.
Wall Street est tout de même allée de l’avant pour sa dernière séance de l’année, l’indice Dow Jones terminant en hausse de 1,25% à 8.776,39 points, le Nasdaq de 1,70% à 1.577,03 points et le S&P 500 de 1,42% à 903,25 points.
Ainsi, l’indice vedette de Wall Street, le Dow Jones, a dégringolé de 33,84% depuis le début de l’année. Au plus bas, le 21 novembre, à 7.449 points en cours de séance, il avait perdu 47% par rapport à son sommet historique atteint un an plus tôt, en octobre 2007.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a perdu 40,54% et l’indice S&P 500 38,49% depuis le 1er janvier.
Le Dow Jones a ainsi vécu sa pire année depuis 1931. Pas étonnant, pour Gina Martin, analyste chez Wachovia Securities, puisque le marché a dû faire face “à la plus grande crise financière aux Etats-Unis” depuis la crise de 1929.
L’hémorragie est mondiale: selon Lewis Alexander, chef économiste chez Citigroup, les marchés boursiers dans le monde ont fondu d’environ 25.000 milliards de dollars, ce qui équivaut à 40% du produit intérieur brut mondial.
“C’est aussi mauvais qu’un marché peut l’être, sous toutes les formes et de toutes les manières: destructions d’emplois, économies dévastées, carnage sur le marché des actions et de l’immobilier”, a résumé Art Hogan, responsable de la stratégie de marché chez Jefferies.
Le marché a également compté les victimes, en faillite ou sauvées de justesse, avec d’abord la plus petite banque d’affaires Bear Stearns, en mars, avant que ses grandes soeurs ne suivent à l’automne: Lehman Brothers et Merrill Lynch, et les établissements de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac.
Début octobre, c’est l’écroulement: le Dow Jones dégringole de 22% en dix jours. La Bourse enchaîne les records de hausse ou de baisse selon les jours, signe de la nervosité des investisseurs.
Ses stars déchues, ses anciennes valeurs vedettes ayant parfois perdu jusqu’à 90% de leur valeur, Wall Street est revenue à ses niveaux de 2002-2003, avant de s’éloigner de ce que les experts espèrent être un plancher.
General Motors, en grande difficulté financière, sauvé en décembre par le Trésor américain, a signé la plus mauvaise performance parmi les 30 valeurs de l’indice Dow Jones: son cours a dévissé de près de 87%. Le podium est complété par la banque Citigroup (-77%), symbole de la crise financière, et par le producteur d’aluminium Alcoa (-69%), victime de la crise des matières premières.
Seuls deux titres de l’indice vedette ont terminé l’année en hausse: la chaîne de restauration rapide McDonald’s (+6%) et le distributeur Wal-Mart (+18%).
Au vu du cataclysme de 2008, le sentiment est que “l’année prochaine devra forcément être meilleure”, selon Art Hogan.
Mais pour Gina Martin, “faire des prévisions sur le niveau des actions à la fin de 2009 est quasiment impossible. Ce sont loin d’être des conditions normales de marché”.
Dans l’immédiat, les spécialistes attendent de voir les effets des plans de relance gouvernementaux.
La toute fin de l’année a été marquée par cette attente: pour l’instant, la traditionnelle “hausse de Noël”, qui court sur les cinq dernières séances de l’année et les deux premières de la suivante, est respectée, contrairement au mauvais augure d’un an plus tôt.
“Le début de l’année va être un test dans la confiance des marchés”, a indiqué Gregori Volokhine, de la société de gestion et de conseils en investissement Meeschaert New York. Avec une nouvelle administration, des liquidités mises de côté par des investisseurs refroidis en fin d’année et un marché obligataire saturé, “le marché des actions offre une alternative intéressante, même au niveau rendement”, selon l’analyste.