L’économie
tunisienne souffre d’un taux d’épargne qui évolue faiblement, ce qui ne lui
permet pas de financer le niveau d’investissement qui serait nécessaire au
maintien d’une croissance économique forte et stable. En 2007, l’épargne
financière a atteint 20.5 % du PIB.
Même le marché financier tunisien ne contribue qu’a 8 % dans le
financement des investissements privés (FBCF) avec un objectif de 20 %
projeté par les autorités.
L’épargne tunisienne est en outre constituée essentiellement d’avoirs
liquides et de placements à court terme non rémunérés. Ainsi, la structure
de l’épargne se caractérise par une maturité trop courte pour financer des
investissements à long terme.
A partir de là, deux pistes d’amélioration sont couramment envisagées. En
premier lieu, encourager le développement des émissions obligataires pour
les entreprises de taille moyenne. En second lieu, développer les processus
de division des risques afin d’améliorer l’efficacité des marchés
financiers. Mais si ces mesures permettraient d’améliorer la gestion et la
canalisation de l’épargne, elles seraient avec un impact sur son niveau, et
en particulier sur les comportements de placement des ménages. Conjugué à
des facteurs objectifs, le facteur culturel, dominé par l’aspect religieux,
explique la raison pour laquelle le financement halal peut constituer un
levier puissant de mobilisation et d’affectation de l’épargne, avec le
renforcement du secteur financier .
La finance islamique intervient à deux niveaux : l’apport en capitaux
propres et des facilités bancaires conformes à la charia. Ainsi l’ouverture
du marché tunisien à la finance islamique permet aux entreprises de
solliciter des crédits complémentaires à ce qu’assure les banques
commerciales.
Ainsi, les entreprises peuvent profiter de cette nouvelle dynamique et
des liquidités drainées par les supports mis en place. La finance islamique
représente un marché important pour la gestion privé collective ce qui
serait d’un bénéfice formidable pour l’économie tunisienne qui pourrait
profiter d’une source alternative de financement.
Principes de la finance islamique
La lois islamique (Charia) ne s’oppose pas au principe multimillénaire de
la rémunération de l’argent prêté, mais au caractère fixe et prédéterminé du
taux d’intérêt (Riba). En effet, la finance islamique considère que le
fondement de la rémunération de l’argent placé est la rentabilité de l’actif
ainsi financé et elle seule. Elle exclut par principe l’idée d’une
rémunération fixe, déconnectée de la rentabilité de l’actif financé.
En effet, les produits financiers islamiques répondent aux différents
principes stipulés par la charia. Ceux-ci interdisent notamment de percevoir ou de verser un intérêt, de mener des transactions déconnectées
de l’économie réelle ou à des fins purement spéculatives, et prohibent
l’investissement dans des activités dites “non éthiques” telles que le
tabac, l’alcool, le jeu ou l’armement.
Autrement dit, la finance islamique se base sur le principe de partage
des pertes et profits. L’obligation principale pour une transaction
financière est qu’elle doit se fonder sur un actif tangible afin de
permettre le partage des pertes et profits que cet actif génère.
Ainsi, la charia n’interdit pas l’investissement en bourse lorsqu’il
porte sur l’achat d’actions et des obligations. En effet, en tant que
créancier,le porteur d’une obligation bénéficie d’une rémunération contractuelle,
lié au risque d’activité de l’entreprise.
L’investissement en action, quant à lui, et contrairement à ce que l’on
pourrait croire, n’est pas assimilable aux jeux de hasard. En effet, la valeur de l’action est soumise à la logique du marché. En cela, c’est un
bien comme un autre. Pour autant, l’achat et la revente d’actions, pour être validés par la loi islamique, doivent satisfaire à des conditions.
La première en est que l’activité principale de la société doit être «licite». Par exemple, sont exclues les sociétés dont l’activité et les revenus sont liés aux services bancaires et aux industries de l’alcool,
du tabac (selon interprétation), etc. Une autre condition impose au musulman de conserver ses actions, tant que les fonds qu’elles ont générés pour l’entreprise n’ont pas encore été investis dans su matériel ou des
marchandises. De fait, il n’est pas permis de revendre l’action avant cette échéance, combien même sa cotation varierait à la hausse ou à la baisse.
Quant à ceux qui voudront se tourner vers les fonds OPCVM pour faire
fructifier leur épargne, il faudra être encore plus vigilant. Bien entendu,les placements dans les OPCVM obligataires, tout autant que ceux
diversifiés (basés sur des actions et des obligations) , ce dernier type de fonds doit intégrer au minimum 60% d’actions, le reste pouvant être
constitué d’obligations. Qui plus est, les gestionnaires ne sont tenus de communiquer la liste des titres constituant leurs fonds qu’à l’occasion
des publications annuelles, qui ne reflètent que la situation relative à un instant donné. Ne connaissant pas les entreprises constituant le fonds,
l’investisseur ne pourra être fixé sur la licéité de leur activité.