Histoire contemporaine de la Finance islamique

argent3.jpgLa finance islamique contemporaine est née dans les années 1970 suite à
la première crise pétrolière. Elle représente aujourd’hui quelques 300 Md$.

Le FMI estimait, qu’il existait, à fin 2005, plus de 300 institutions
financières islamiques dans plus de 75 pays avec un taux de croissance du
secteur de 15 % par an sur les 10 dernières années. Le marché de la finance
islamique a connu une croissance exceptionnelle durant les cinq dernières
années. Cette croissance s’explique essentiellement par le rapatriement des
fonds moyen-orientaux vers leur pays d’origine suite aux événements du 11
septembre 2001, l’essor économique et la croissance boursière qu’a connues
la région, à l’image du marché boursier saoudien dont la capitalisation
boursière a été multipliée par 10 et les PER par 2 durant les 5 dernières
années.

Les banques « conventionnelles » n’ont pas tardé à réagir afin de ne pas
perdre une partie de cette manne, voire de gagner de nouveaux clients, et
ont pour beaucoup d’entre elles lancé leurs propres filiales islamiques.

A titre d’exemple, la part des produits islamiques dans le système bancaire
des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) représente 17 % des actifs
totaux. Ces actifs représentent, quant à eux, uniquement 28% des
actifs financiers islamiques dans le monde.

Le marché des fonds d’investissement islamiques est aussi un des secteurs
de la finance islamique qui connaît une très grande croissance.
Actuellement, il y a environ 100 fonds islamiques de private equity dans le
monde. Le total des actifs gérés par ces fonds excède 5 Md$; même si ce
montant est en très forte croissance, il reste très faible lorsque l’on
sait qu’actuellement chacun des grands fonds de LBO est en train de lever 3
fois cette somme.

Si dans la conception classique le fondement du taux d’intérêt est la
rémunération de la renonciation a une liquidité immédiate et donc
potentiellement à une consommation immédiate, elle est donc tout autre en
finance islamique.

En théorie cela devrait permettre le règne des capitaux propres puisque
l’emprunteur sait qu’en cas de difficultés sa dette et sa rémunération
n’ont pas le caractère d’exigibilité qu’on lui connaît habituellement. Les
coûts fixes financiers n’existent pas, puisqu’en cas d’adversité, ils
deviennent des coûts variables. L’effet de levier est donc inexistant, ce
qui devrait se traduire par moins de faillite d’entreprises, donc par des
rentabilités économiques plus faibles : les acteurs les moins efficaces,
n’étant pas éliminés par la faillite, peuvent poursuivre plus longtemps une
activité avec des marges faibles qui tirent vers le bas la rentabilité des
secteurs.

A l’inverse, la possibilité de faire fortune en tant qu’entrepreneur paraît
plus limitée sans le recours possible à un effet de levier bien utilisé qui
a, par exemple, permis à B. Arnault (LVMH) et F. Pinault (PPR – Artémis) de
devenir en 25 ans les deux entrepreneurs les plus riches de France, sans
parler de L. Mittal hors de l’hexagone.

L’Islam condamne également toute spéculation (Gharar), tout pari sur
l’avenir. Ainsi, les systèmes de vente à découvert, options, swaps, …,
sont interdits dans un système financier islamique.

Pour s’assurer de la parfaite adéquation des produits qu’elles proposent
avec les préceptes islamiques, les banques islamiques se sont dotées de
comités indépendants, les « Conseils de Charia » ou Sharia boards composés
de théologiens spécialisés en droit financier. Ces comités participent
activement au développement et à la surveillance des produits des banques.

Ils sont, également, responsables de certifier que chaque produit adhère
strictement aux principes de la Charia.