La Bourse de Paris s’est effondrée de plus de 42% sur l’ensemble de 2008

[31/12/2008 16:14:28] PARIS (AFP)

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âtiment historique de la Bourse de Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

Après cinq ans de hausse, la Bourse de Paris, abattue par la crise économique mondiale, vient de traverser l’une des années les plus noires de son histoire et nul ne se risque à faire de pronostic pour 2009.

L’indice CAC 40 affichait mercredi un recul de 42,68% depuis le 1er janvier, sa plus mauvaise performance en vingt ans d’existence. Il dépasse ainsi les -33,75% de l’année 2002, marquée par les séquelles du 11 septembre et une rafale de scandales comptables.

Comme les autres places mondiales, Paris a traversé “quatre cycles de baisse”, en janvier, juin-juillet, septembre-octobre et novembre, à mesure que se concrétisaient les pires scénarios, résume Christian Parisot, stratégiste chez Aurel.

En effet, rappelle-t-il, la crise des crédits “subprime” ne s’est cantonnée ni aux Etats-Unis, ni aux valeurs financières: elle a dégénéré en crise économique mondiale, contaminant la quasi totalité des secteurs et pénalisant “jusqu’aux pays émergents”.

Renault (-80,88%) et Peugeot (-76,57%) ont d’ailleurs surpassé les banques au palmarès des plus fortes baisses du CAC 40, signe des craintes pour l’industrie, de même que le sidérurgiste ArcelorMittal (-67,83%), le cimentier Lafarge (-65,18%) et l’équipementier Alcatel-Lucent (-69,03%).

Aucune valeur vedette n’a échappé à la purge, même si France Télécom (-18,93%), Vivendi (-25,86%) et Sanofi-Aventis (-27,91%) ont été moins sanctionnés en raison de leur faible sensibilité à la conjoncture. Le nouveau géant GDF Suez, né en juillet, a lui aussi limité les dégâts (-11,69%).

La tempête boursière s’est accompagnée de variations brutales d’une séance à l’autre, le CAC 40 enchaînant les records à la baisse (-9,04% le 6 octobre) comme à la hausse (+11,18% le 13), au point de balayer en quelques semaines ses références historiques.

“La peur gouverne les marchés”, estime Franck Dixmier, analyste chez Allianz Global Investors, pour qui ces mouvements de yo-yo traduisent “un grand désarroi des investisseurs face au climat d’incertitude”, faute de connaître la profondeur et la durée de la crise.

Christian Rabeau, d’Axa Investment Managers, y voit également l’effet de “ventes forcées” de titres par des fonds d’investissement contraints de se désendetter: spectaculaire à partir de la chute de la banque américaine Lehman Brothers, le 15 septembre, le phénomène a largement amplifié la panique.

Il constitue de surcroît l’une des grandes inconnues pour 2009. Tout le monde prévoit une année à risque pour certains grands investisseurs, dont les banques et les fonds spéculatifs, mais personne ne sait quels types d’actifs ils devront céder s’ils sont acculés à la faillite, ni pour quels montants.

Sur le plan économique, le principal enjeu sera “la bataille entre les mauvaises nouvelles – en termes de resserrement du crédit, de défauts de paiement et de chute des bénéfices -, et l’efficacité des réponses politiques”, juge Andrew Milligan, de Standard Life Investments.

Tant qu’on ne saura pas si les pouvoirs publics parviennent à relancer l’activité, le marché pourra au mieux espérer des “rebonds techniques”, ces sursauts sans lendemain caractéristiques des périodes de morosité boursière, prédit Christian Rabeau. De quoi donner un peu plus le vertige aux quelque 6 millions de petits porteurs qui ont vu fondre en quelques mois leur épargne.

Les spécialistes rivalisent donc d’appels à la “prudence”, conseillant de s’en tenir aux secteurs les moins exposés aux retournements de conjoncture, comme la santé, les télécommunications et l’agroalimentaire, en évitant banques et industrie.

Euronext (CAC 40)