à l’usine Chrysler de Warren (Michigan), le 16 décembre 2008 (Photo : Spencer Platt) |
[02/01/2009 21:17:58] WASHINGTON (AFP) Le département américain au Trésor a publié mercredi et vendredi deux notes expliquant qu’il se donnait toute latitude pour sauver toute entreprise en danger dans la finance ou l’automobile, une manière d’officialiser qu’il a pris les pleins pouvoirs en la matière.
Face à l’urgence de la crise, l’administration de George W. Bush se passait jusque-là de justification générale à ses plans de sauvetage pour des entreprises aussi considérables que Citigroup (sauvée le 23 novembre), ou General Motors et Chrysler (le 19 décembre).
Doté de 700 milliards de dollars avec le vote de “la loi de stabilisation économique d’urgence” par le Congrès le 3 octobre, le Trésor a déjà engagé la moitié de cette somme, la deuxième étant promise à l’administration de Barack Obama.
Il a officialisé a posteriori des “lignes directrices” qui rendent possibles tous les renflouements imaginables sur fonds publics d’entreprises au bord de la faillite, avec pour seule limite l’éventuel épuisement de la caisse créée par les parlementaires à la demande de l’administration.
D’après la note sur la finance publiée vendredi, le plan conçu pour Citigroup comprend ainsi un “programme d’investissement ciblé”, dont bénéficieront des sociétés choisies “au cas par cas”, lesquelles pourront le demander “sans date butoir”.
L’intervention en faveur de ces sociétés prendra une forme décidée “au cas par cas” également: “le Trésor peut investir dans tout instrument financier, dont des dettes, des actions, ou des bons pour des actions (warrants) que le secrétaire au Trésor considère comme un actif à problème, après avoir consulté le président de la Réserve fédérale et l’avoir notifié au Congrès”.
Les institutions financières concernées seront, entre autres critères, celles “suffisamment importantes pour le système économique et financier national pour qu’une perte de confiance dans sa position financière ait le potentiel de provoquer des perturbations majeures sur les marchés du crédit” et “affaiblir la performance économique globale”.
Les conditions assorties supposent, comme pour les entreprises déjà sauvées, de limiter la rémunération des dirigeants, et de s’assurer qu’ils prennent des mesures visant la viabilité à long terme de leur entreprise.
D’après la note sur l’automobile, publiée mercredi, l’intervention sera également décidée “au cas par cas”, et l’injection d’argent public dans les entreprises peut aussi prendre toutes les formes.
“L’objectif de ce programme est d’empêcher une perturbation importante du secteur automobile américain qui pose un risque systémique pour la stabilité des marchés financiers et aurait un effet négatif sur l’économie réelle des Etats-Unis”, énonce le Trésor.
La presse américaine spéculait vendredi sur la possibilité que le Trésor prépare le sauvetage d’équipementiers automobiles, tout aussi durement frappés que les constructeurs par la chute du marché.
Ces lignes directrices volontairement floues ne devraient pas calmer les critiques du Congrès, qui avait publié le 10 décembre un rapport très critique sur la manière dont le Trésor a appliqué la loi d’octobre. Les parlementaires reprochaient principalement l’absence d’une stratégie lisible.
Le Trésor s’était défendu mercredi en argumentant que sa stratégie d’empêcher les faillites de banques avait fonctionné ces trois derniers mois.
Toujours d’après la presse, les faveurs obtenues par l’automobile ont aiguisé les appétits d’une autre industrie américaine en grande difficulté, la sidérurgie. Ce qui inquiétait les commentateurs les plus critiques de la débauche de dépenses publiques.