Allemagne : Merkel face aux appels à dépenser pour relancer l’économie

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ère allemande Angela Merkel, le 12 décembre 2008 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[04/01/2009 17:44:57] BERLIN (AFP) Quarante, 50, 100 milliards d’euros: les appels à la chancelière Angela Merkel, accusée de timidité face à la crise, à dépenser plus pour soutenir l’économie allemande se multiplient alors qu’elle prépare un second plan de relance.

Avant d’arrêter le montant du nouveau plan attendu pour la mi-janvier, Mme Merkel, une chrétienne-démocrate (CDU), doit calmer la fronde de la CSU, l’allié conservateur bavarois, qui réclame des réductions d’impôts. Ses partenaires sociaux-démocrates (SPD) dans la coalition gouvernementale veulent au contraire un allègement des charges sociales mais aussi une augmentation des impôts sur les revenus les plus élevés pendant deux ans.

Mme Merkel devait rechercher dimanche soir, lors d’une réunion de travail, un compromis avec ses alliés de la CSU avant une rencontre au sommet lundi des chefs de file de la coalition pour discuter du nouveau plan de relance.

Déjà pressée par ses partenaires européens d’en faire plus pour contrer la crise, la chancelière fait face depuis des semaines à un torrent de critiques et de revendications, sur fond de pré-campagne électorale avant une série de scrutins qui s’achèvera en septembre par des élections générales.

Elle n’a de cesse de mettre en garde contre un endettement excessif de l’Etat pour lutter contre la récession. “Chaque milliard de nouvelles dettes limite encore davantage notre marge de manoeuvre future”, a-t-elle récemment souligné tout en promettant de nouveaux investissements, notamment dans le secteur des infrastructures publiques.

Un premier plan de relance, adopté en novembre, représentant un effort budgétaire de 12 milliards d’euros pour un impact attendu de 31 milliards d’euros, a jusqu’à présent été jugé insuffisant par de nombreux experts et élus politiques en Allemagne.

Le second plan devrait représenter un effort budgétaire bien plus important.

A la table des négociations, les sociaux-démocrates vont défendre un plan “à hauteur d’environ 40 milliards d’euros”, croit savoir le quotidien Süddeutsche Zeitung à paraître lundi. Un montant corroboré par le journal économique Handelsblatt qui fait état d’environ 30 milliards d’euros pour 2009 et de 10 milliards supplémentaires en 2010.

Dans leur concept qui sera présenté lundi, dont l’AFP a obtenu copie, le SPD ne chiffre pas le nouveau plan d’aide à la conjoncture mais demande notamment une prime pour les foyers avec enfants, une baisse des cotisations à l’assurance maladie et des primes à la casse pour les voitures polluantes.

Pour le chef de gouvernement de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Jürgen Rüttgers (CDU), c’est 100 milliards d’euros qui sont nécessaires.

Il s’agit de mettre en place “une sorte de plan Marshall pour les entreprises” afin de leur fournir les crédits nécessaires pour affronter la crise, a-t-il déclaré au magazine Spiegel en faisant référence au plan américain d’aide à la reconstruction de l’Europe après la seconde guerre mondiale.

Et d’ajouter: “Si l’Etat ne passe pas à l’action, il y a un gros danger pour que la base industrielle de l’Allemagne soit endommagée pour longtemps, et peut-être de façon irrémédiable”.

De son côté, le président de l’Institut de recherches économiques de Halle, Ulrich Blum, préconise un plan de 50 milliards d’euros assorti de réductions d’impôts pour encourager la consommation.

“Lorsque l’Etat ne sait pas comment dépenser l’argent, le mieux c’est encore de le rendre aux contribuables”, affirme M. Blum dans le Spiegel.