Crise du gaz : la Russie appelle l’Union européenne à surveiller le transit en Ukraine

[04/01/2009 21:45:30] MOSCOU (AFP)

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ès de Kiev, le 1er janvier 2009 (Photo : Sergei Supinsky)

La Russie a appelé dimanche l’Union européenne à surveiller le transit de gaz russe via l’Ukraine et a réitéré ses accusations de vol de gaz destiné à l’Europe, ce que Kiev à nié dans un nouvel épisode de la “guerre du gaz” entre les deux pays.

“Etant donné que les observateurs engagés par Gazprom n’ont pas accès aux systèmes de pression des stations de pompage en Ukraine, nous avons envoyé à la Commission européenne une lettre pour lui proposer de surveiller le transit des volumes de gaz à travers l’Ukraine”, a déclaré le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, à la télévision russe.

Réagissant à cet appel de Gazprom, le porte-parole de la Commission européenne Ferran Tarradellas a déclaré que l’UE ne comptait pas se mêler du conflit gazier opposant la Russie à l’Ukraine, en soulignant une fois de plus qu’il s’agissait d’un “problème bilatéral”.

Un porte-parole de la présidence tchèque de l’UE a de son côté rappelé qu’il n’y avait pas de système indépendant pour mesurer les volumes de gaz transitant par l’Ukraine.

“Nous n’allons pas nous engager dans une médiation. La situation est extrêmement opaque et il y a des informations contradictoires sur la question des responsabilités”, a déclaré le porte-parole de la présidence tchèque.

Il faut “un système de mesure plus efficace non seulement à la frontière de l’UE mais surtout entre la Russie et l’Ukraine”, a-t-il souligné.

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érations de contrôle sur un gazoduc, le 2 janvier 2009 à une vingtaine de kilomètres de Budapest (Photo : Attila Kisbenedek)

Gazprom a accusé l’Ukraine d’avoir volé au cours des dernières 24 heures 25 millions de mètres cubes de gaz russe transitant par les réseaux ukrainiens et destinés à différents pays de l’UE.

Réfutant cette accusation, la société nationale ukrainienne Naftogaz a reproché à Gazprom de se livrer à des manipulations en matière d’approvisionnement du gaz qui transite à travers l’Ukraine, mettant en garde contre des “conséquences imprévisibles” pour l’Europe.

Ainsi, Naftogaz “conseille vivement à Gazprom de cesser les manipulations techniques des volumes de gaz et des réseaux de distribution, de synchroniser les systèmes de distribution de la Russie, de l’Ukraine et de l’Europe”, et de reprendre les négociations, selon un communiqué.

Pour compenser les baisses de volumes de gaz russe constatées par certains Etats de l’UE, Gazprom s’est engagé à augmenter les quantités destinées à l’Europe.

En République tchèque, les livraisons de gaz naturel russe ont baissé de 5% dimanche, a déclaré le porte-parole du groupe RWE Transgas, Martin Chalupsky, soulignant que cette réduction serait compensée par le biais des stocks ou des livraisons en provenance de Norvège.

D’autres pays avaient fait des observations identiques samedi: la Pologne a constaté une baisse de 11% des livraisons par rapport aux volumes contractuels, un recul compensé par des livraisons via le Bélarus, selon l’opérateur des gazoducs polonais Gaz-Systema. La Roumanie a vu ses livraisons baisser de 30% dès vendredi soir et la Bulgarie de 10 à 15% samedi.

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à l’Europe

En revanche, l’autrichien OMV, premier groupe gazier et pétrolier d’Europe centrale, qui gère un des trois principaux centres de répartition du gaz russe en Europe, n’a constaté jusqu’ici aucune perturbation, selon son porte-parole Mme Michaela Huber, contactée dimanche par l’AFP.

La Russie a interrompu jeudi l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine, faute d’un accord sur le prix des livraisons pour 2009 et sur des arriérés de paiement, faisant craindre une répétition du scénario de 2006, qui avait provoqué une chute de l’approvisionnement des clients européens.

Depuis, Gazprom et Naftogaz s’accusent mutuellement d’être responsables de la crise et ont dépêché chacun de leur côté des délégations dans des pays de l’UE pour tenter de les rallier à leur position.

Après s’être rendu à Prague, capitale de la République tchèque qui assure la présidence tournante de l’UE, le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev, était attendu à Paris dimanche puis à Londres lundi.

A Moscou, le groupe russe a de nouveau appelé dimanche l’Ukraine à reprendre les négociations, dont l’échec le 31 décembre avait conduit à la rupture de l’approvisionnement de cette ancienne république soviétique en gaz russe.

Gazprom réclame désormais à l’Ukraine un prix de 450 dollars pour 1.000 mètres cubes en janvier, selon le patron du groupe, Alexeï Miller, soit un tarif plus élevé que le “prix européen” de 418 dollars demandé auparavant.