En période de fêtes, tout s’arrête. Tout ? Non, assurément.
Des pans entiers de notre économie sont boostés par la frénésie de la
consommation. Boire et manger devient un enjeu financier. Parce que la guerre se
livre aussi sur le front de la bière.
Pâtissiers, restaurateurs, gérants de discothèques font
exploser leur chiffre d’affaires la nuit du Réveillon du Nouvel An
«administratif». Peu importe si l’actualité internationale est plutôt «morose».
Rien ne coupera l’appétit de nos concitoyens, bien décidés, contre vents et
marées, à booster, ne fût-ce que pour une nuit, un secteur important de notre
économie. Il y aura donc à boire et à manger.
La crise (comme la guerre), on ne connaît pas, et heureusement. Pour palier
certaines difficultés que pourraient connaître le citoyen tunisien quand il
s’agit de payer, certaines pâtisseries ont même décidé d’accorder les fameuses
«facilités de paiement». Il faut bien s’adapter au marché, même si les clients
manquent visiblement de liquidités. Chacun aura donc droit à sa part du gâteau,
n’en déplaise aux mauvais esprits. Ce qui n’a pourtant pas l’heure de plaire à
notre caisse de compensation, peu désireuse de laisser la farine (subventionnée)
destinée au pain, se transformer en sucreries pour les fêtards du Nouvel An. On
ne roule pas impunément les comptables de la Nation dans la farine.
On apprendra cependant que nos compatriotes participeront à la Coupe du Monde
des Pâtissiers. Il faut bien un peu de douceurs dans un monde de brutes. Les 25
et 26 janvier 2009, les Tunisiens et leurs frères Marocains ainsi que les
Libanais, se mesureront, à une vingtaine d’autres nations comme la France, les
Pays-Bas, la Corée du Sud, pour remporter le trophée. Une manifestation qui aura
lieu en marge du Salon International de la Restauration, de l’Hôtellerie et de
l’Alimentation, qui se tiendra du 24 au 28 janvier 2009 à l’Eurexpo de Lyon
(France). Ce qui offrira l’occasion à nos maîtres pâtissiers de briller de mille
feux. Il n’empêche. La consommation du Nouvel An n’est pas uniquement «sucrée».
Il faut bien étancher la soif des gosiers.
Et puisque une telle occasion s’arrose, ce sera aussi le moment pour le
Tunisien d’encourager une autre production locale, celle de la bière. Le marché
tunisien du «jus d’orge» est à lui seul un véritable feu d’artifice. Avec un
volume de 1,1 million d’hectolitres, nous sommes le numéro un absolu au Maghreb.
Nos frères Marocains sont bons deuxièmes, malgré une population trois fois plus
importante, qui se contentera pourtant de 950.000 hectolitres. Les Algériens ne
feront pas mieux avec leurs 850 000 hectolitres tout riquiqui. Les chiffres
placent donc les Tunisiens, qui consomment en moyenne 10 litres de bière par an,
aux toutes premières places dans la région du Proche-Orient. Juste après les
Turcs, sans doute l’effet Attaturk. Ce qui motive d’autant nos brasseries à se
tailler une part de gâteau qui conviendra à leur appétit. Elles en savent
quelque chose, elles qui se livrent une véritable guerre, avec pour armes des
marques internationales.
Et à défaut d’attirer la baraka, et d’éponger les dettes des entreprises
touristiques, les dépenses du Réveillon auront au moins le mérite d’arroser un
secteur menacé par la sècheresse. Crise financière oblige…