Comme
moi, vous avez dû recevoir en guise de cadeau de fin d’années un énième
stylo, un quinzième agenda, un trente-septième calepin téléphonique, un
quatre-vingt dix-neuvième porte clefs, etc. Certains d’entre vous, reçoivent
–peut-être, du reste– le même sacro-saint cadeau depuis des années.
Un cadeau, c’est censé toujours faire plaisir ! Cela ne se refuse pas, ne
s’échange pas, ne se vend pas, se critique encore moins et, a fortiori, tout
cela ne devrait pas s’écrire ! Mais que voulez-vous ?
C’est ainsi. En ce début de 2009, j’ai décidé de me la «jouer positive».
Je vais donc vous éviter la version plaintive de ce billet d’humeur. Cette
chronique sera ni gémissante ni larmoyante. Je ne veux pas être
désobligeante au manque d’originalité des cadeaux de fin d’année de nos
entreprises. Je me suis vraiment forcée… Je ne suis pas de nature
pleurnicharde ni venimeuse, mais comment exprimer ma profonde désolation
devant si peu d’esthétisme, si peu d’originalité et si peu d’audace ?
A quoi servirait un cadeau d’entreprise, si ce n’est à maintenir de
bonnes relations, d’accroître la fidélité et d’inciter vos partenaires à
vous référer d’autres clients ? Le cadeau d’entreprise est un vecteur de
communication. Ne convient-il pas dès lors de savoir quel type de message il
doit porter ? Dans la pratique que nous en avons, rares sont les entreprises
qui font vraiment la différence entre un cadeau publicitaire et un cadeau
d’entreprise.
Le choix du bon cadeau d’entreprise n’est pas toujours facile, je vous
l’accorde. Un cadeau mal choisi peut froisser ou déplaire, mais qui s’en
soucie ? En Tunisie, pas plus celui qui reçoit que celui qui le donne. Les
cadeaux sont juste une de formalité. Une habitude qu’il faut perpétuer sans
trop de recherches ni de tracasseries !
Alors, par pitié, si nous sommes condamnés à recevoir des semainiers,
encore des semainiers, et toujours des semainiers, ne serait-il pas possible
de faire appel à de jeunes talents pour les illustrer ? Il y a tellement de
jeunes compétences dans la photographie, la peintre, la poésie, les arts
plastiques qui ne demandent qu’à être mis en valeur.
Organisons des concours, soutenons des jeunes talents, ouvrons un salon
virtuel pour déposer projets, prototypes, maquettes, et concepts innovants
pour les cadeaux de l’année prochaine. Ne pourrions-nous pas être dans l’air
du temps pour 2010, en s’y préparant d’ores et déjà ?
Décidons de mettre en avant certains de nos produits du terroir. Pourquoi
faut-il qu’on vende notre «Pesto Tunisino» dans des emballages italiens ?
Pourquoi faut-il que nos miels, beurres salés et thon à l’huile d’olive ne
forment-ils pas des paniers gourmands du «made in Tunisia» ? Décidons de
déposer les somptueuses miniatures en terre cuite de Sejnane dans des écrins
modernes et élégants, mettant en évidence l’historique de ce savoir-faire…
Comme en 2010 nous allons ensemble, dans un sursaut de conscience et de
promotion, mettre plus de cœur dans la conception de nos cadeaux, ils seront
tellement plus beaux que nous aurons envie de les envoyer aux 4 coins du
monde. Sachez, alors qu’il y a aussi des règles à respecter.
En Chine, il faut éviter les montres et les cadeaux d’horlogerie : le mot
“montre” et “mort” sont quasiment les mêmes en chinois. Au Japon, il est
malvenu d’envoyer un cadeau sans prévenir.
Dans les pays latino-américains, on évite d’offrir un cadeau à la
première rencontre. Aux USA, Canada, et en Europe, on offre rarement de
cadeaux en dehors de la période de fin d’année.
Si vous décidez de faire de notre harissa nationale un produit de qualité
dans un écrin doré, merci de mentionner la mention «hot, very hot», au
risque de vous brouiller à jamais avec votre client.
Un cadeau intelligent, ça touche et marque à jamais un récipiendaire. La
formule est toute trouvée par un grand spécialiste du cadeau d’entreprise :
«Entre un cadeau réussi et un cadeau raté, la sanction tombe en 10 secondes.
C’est tout simplement comme en amour, une question de coup de foudre».