Un euro et un dollar (Photo : Joël Saget) |
[05/01/2009 16:58:48] LONDRES (AFP) L’euro a fait sa rentrée en chute libre lundi, sur le marché des changes, en raison de spéculations de baisse des taux européens, tandis que le dollar profitait de l’optimisme de début d’année des investisseurs, même si les analystes soulignent la forte probabilité de sa rechute.
Vers 14H00 GMT, l’euro valait 1,3592 dollar contre 1,3910 vendredi à 22H00 GMT.
L’euro s’échangeait en baisse face à la monnaie nipponne à 126,85 yens contre 127,72 yens vendredi soir.
Le dollar était en revanche en hausse face au yen, à 93,54 yens contre 91,79 yens vendredi.
Après avoir commencé les échanges européens vers 1,39 dollar, la monnaie unique a perdu plus de 3 cents en quelques heures, tombant sous 1,36 dollar vers 13H00 GMT.
L’euro s’est donc affiché en net recul pour la deuxième séance de l’année, après celle de vendredi où il avait déjà été pénalisé par les mauvais chiffres du secteur manufacturier en zone euro.
“Il faut noter qu’on est toujours dans des marchés peu actifs et, autant la volatilité a aidé l’euro dans les dernières semaines, autant maintenant elle le pénalise”, observait Audrey Childe-Freeman de Brown Brothers Harriman.
“On reste dans des conditions assez peu liquides, et ce matin les +stoploss+ (ordres de vente à partir d’un seuil pour limiter les pertes, ndlr) étaient fixées à 1,3840 dollar”, expliquait l’économiste de Goldman Sachs Thomas Stolper.
Une fois ce palier franchi, l’euro a reculé face à l’ensemble des grandes devises, notamment le yen et la livre sterling. Alors que la plus vieille monnaie du monde menaçait de passer la parité avec la plus jeune lors de la dernière séance de l’année (mercredi, ndlr), la livre affichait une hausse de près de trois pence lundi.
Outre ces facteurs techniques, les nouvelles sur l’horizon économique renforcent les spéculations sur une réduction du loyer de la monnaie unique, actuellement à 2,5%.
Le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) Lucas Papademos, n’a pas exclu de nouvelles baisses de taux si la conjoncture devait encore se dégrader, dans une interview au magazine allemand WirtschaftsWoche publiée lundi.
“Si nous estimons que les risques pour la stabilité des prix augmentent à nouveau, nous pourrions encore assouplir la politique monétaire et agir en conséquence”, a-t-il indiqué.
“Ces commentaires, de la part de quelqu’un qui est toujours conservateur par rapport aux taux, augurent certainement d’un assouplissement monétaire même s’il est un peu tôt pour les annonces sachant que la prochaine réunion est fixée au 15 janvier”, estimaient les analystes de Barclays Capital.
De plus, le ton des marchés jouait globalement en défaveur de l’euro: “On commence l’année avec un environnement optimiste, des hausses franches sur le marché actionnaire et un retour du goût du risque”, notait Audrey Childe-Freeman.
Alors que l’euro est traditionnellement considéré comme une valeur risquée et le dollar comme une monnaie sûre, les conditions économiques déplorables aux Etats-Unis ont pour beaucoup ôté au billet vert de son aura de valeur-refuge.
Les acteurs du marché guetteront cette semaine d’importants indicateurs économiques, notamment les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis qui devraient révéler vendredi une vague de plans sociaux.
“Les nouvelles économiques sont mauvaises partout mais elles sont pires aux Etats-Unis”, résumait Thomas Stolper.
Ce pessimisme de fond pourrait continuer d’alimenter le recul du dollar observé depuis le début de l’hiver.
Tombée jusqu’à 1,2334 dollar pour un euro fin novembre, la monnaie unique européenne s’était vigoureusement reprise en décembre, grimpant jusqu’à 1,4719 dollar pour un euro le 18 décembre.