Conflit gazier : des baisses des livraisons surtout dans l’est de l’Europe

[05/01/2009 19:48:02] BRUXELLES (AFP)

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à la station ukrainienne de Boyarka, le 4 janvier 2009 (Photo : Sergei Supinsky)

L’UE a tenté lundi de pousser Moscou et Kiev à régler au plus vite leur nouveau différend gazier avant une rupture des approvisionnements européens, évitant pour l’instant tout propos alarmiste.

Lundi, elle a dépêché une délégation en Ukraine et convoqué une réunion d’information exceptionnelle de ses ambassadeurs à Bruxelles.

Objectif: faire pression pour encourager les deux parties à aller s’asseoir à la table des négociations, mais s’abstenir de prendre un rôle d’arbitre dans ce conflit commercial bilatéral.

“Même si les consommateurs européens ne sont pas menacés, nous avons besoin d’une solution rapide”, a souligné un porte-parole de la présidence tchèque de l’UE. “Beaucoup d’Etats ont aussi noté que c’est la fiabilité de la Russie et de l’Ukraine qui est en jeu”, a-t-il ajouté.

Si la Commission européenne a évoqué lundi des “irrégularités” dans l’approvisionnement en gaz russe des pays de l’UE, elle a écarté tout “danger immédiat” pour les foyers européens, protégés par des niveaux élevés de stocks de gaz.

Pour autant, les ambassadeurs auprès de l’UE de plusieurs pays européens –en particulier la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne et la Grèce– ont détaillé lundi des baisses fortes de leur importations de gaz russe, selon un diplomate européen qui assistait à la réunion.

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à l’Europe (Photo : null)

“Il n’y a pas d’inquiétude majeure pour l’instant. Mais si le froid et la réduction d’approvisionnement devaient se prolonger, cela deviendrait inquiétant”, a-t-il noté.

“Nous ne paniquons pas, nous sommes simplement préoccupés”, a nuancé une délégation d’Europe orientale, “l’industrie lourde doit recommencer à travailler”.

Le ministre hongrois de l’Energie Csaba Molnar a annoncé que les livraisons de gaz russe à son pays avaient chuté lundi d’environ 20%. La Bulgarie a évoqué une baisse d’au moins 15% et le gouvernement a demandé aux grandes entreprises de limiter leur consommation.

Les ambassadeurs referont le point vendredi, date à laquelle leur analyse de la situation pourrait changer de tonalité, après plusieurs jours supplémentaires de crise.

D’autant que la Russie s’apprête à réduire le volume de gaz livré à l’Europe via l’Ukraine, afin de décourager les prélèvements illégaux dont elle accuse Kiev, a-t-elle annoncé lundi en fin de journée.

“Nous ferons tout ce que nous pourrons pour compenser (le gaz manquant) en augmentant les livraisons via le Bélarus et la Pologne”, ainsi que via la Turquie, a toutefois ajouté le patron de Gazprom, Alexeï Miller, après une rencontre à Moscou avec le Premier ministre russe Vladimir Poutine.

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ï Miller (d) le 5 janvier 2009 à Moscou (Photo : Alexey Druzhinin)

Réagissant à ce nouvel épisode du bras de fer russo-ukrainien, la Commission a appelé Russes et Ukrainiens à “revenir à la table de négociations dès que possible”.

Une délégation composée de hauts responsables de la présidence tchèque de l’UE, ainsi que de la Commission, a pour sa part mené lundi des pourparlers en Ukraine et devrait également rencontrer mardi les représentants du géant gazier russe Gazprom.

Un groupe européen de coordination, chargé de déceler tout risque de rupture de l’approvisionnement énergétique de l’UE, se réunira vendredi à Bruxelles. Le géant russe du gaz Gazprom et la compagnie ukrainienne Naftogaz y ont été conviés, mais n’ont pas encore confirmé leur présence.

La veille, les ministres de l’UE devraient également évoquer le sujet lors d’une réunion informelle en République tchèque.

La Russie a coupé jeudi l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine, faute d’un accord sur le prix des livraisons pour 2009, faisant craindre une répétition du scénario de 2006, où le différend russo-ukrainien avait perturbé l’approvisionnement de plusieurs pays d’Europe.

Or Moscou fournit aux Européens 40% de leurs importations gazières, qui transitent à 80% par l’Ukraine.