Pour contrer les effets dévastateurs du marasme économique frappant les
principaux centres financiers de la planète depuis l’éclatement de la bulle
spéculative aux Etats-Unis d’Amérique et le plongeon dans le rouge du système
bancaire international, une vingtaine de pays, véritables locomotives de l’ordre
marchand, issu de l’effondrement du mur de Berlin, regroupés au sein du G20 lors
du sommet de Washington en novembre 2008, ont engagé, après la tenue de leur
dernière réunion, 1000 milliards de dollars pour relancer la consommation des
ménages, créer des millions d’emplois et entreprendre de grands travaux
d’infrastructures( transport, énergie, environnement…), susceptibles d’endiguer,
indiquent des analystes, la morosité ambiante. L’Union Européenne a annoncé, de
son côté, l’injection, dans les rouages de l’économie du vieux continent, plus
de 200 milliards d’euros alors que les Etats-Unis ont prévu, à la suite de la
déflagration de la crise des subprimes, un plan de relance de l’ordre de 5% de
leur PIB, les chinois de 15% et les japonais un programme de 2 à 3%. Et certains
pays comme l’Inde, le Brésil, le Mexique, la Corée du sud, le Vietnam, zones de
croissance inégalée pendant la dernière décennie, viennent d’engager plusieurs
milliards pour soutenir leur économie respectives.
« Je vois que des mesures ont été prises un peu partout dans le monde, mais j’ai
peur que cela ne soit insuffisant pour sortir du tunnel et à mon avis, l’Europe
doit aller au-delà de son plan de relance en amenant la Banque centrale
européenne et plus précisément l’Allemagne à se départir d’une politique fiscale
trop prudente( le traité de Maastricht plafonne le déficit fiscal à 3%) dans une
conjoncture de récession généralisée » a laissé entendre Monsieur Dominique
Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, lors de sa
visite dans notre pays, à l’occasion de la célébration du cinquantième
anniversaire de la Banque Centrale de Tunisie. Selon lui, des plans plus
ambitieux devraient être mis en œuvre, sans quoi les perspectives économiques
mondiales, pour l’année 2009, vont encore s’assombrir. Le patron du FMI, tout en
prenant acte des dernières mesures incitatives et volontaristes (aides aux
entreprises, baisse d’impôts, baisse de taux d’intérêt) des pouvoirs publics
occidentaux, plaide pour une relance budgétaire internationale de 2% du produit
brut mondial, soit 12000 milliards de dollars afin de donner, dit-il, une
nouvelle impulsion aux échanges mondiaux, de dépasser la frilosité des marchés
et de tabler ainsi sur une reprise de la demande mondiale, d’ici 2010.
Sur le même registre, les regards de la communauté financière internationale se
tournent de plus en plus vers la nouvelle administration américaine, dont
l’entrée en fonction est prévue le 20 Janvier 2009, pour voir le président élu
Barack Obama concrétiser son plan massif de relance évalué à 800 milliards de
dollars afin de créer, proclame un porte-parole du camp des démocrates, 3
millions d’emplois en 2 ans, ce qui est de nature, estiment des analystes, à
faire de cette gigantesque manne financière un atout de taille dans le retour de
la confiance chez des ménages endettés jusqu’au cou, le refinancement de la
machine économique mondiale en décélération et le renforcement des fonds propres
des principales institutions capitalistiques occidentales. La Chine, l’usine du
monde et aire de croissance par excellence durant les deux dernières décennies,
n’est pas en reste et compte mobiliser 560 milliards de dollars pour maintenir
le dynamisme des échanges internes et internationales tout en se lançant dans de
grands travaux d’infrastructures dans les zones rurales du pays.