Le message est simple et clair. A partir du 31 janvier 2009,
«les maltaises», les oranges tunisiennes les plus prisées pour leur saveur et
qualité sur les marchés européens, particulièrement, sur le marché français, ne
pourront plus avoir de cité sur les rayons des hyper, supermarchés et simples
marchands de légumes, qu’à une seule condition : Elles doivent être saines,
entendez par-là : contenir un niveau de résidus de pesticides – insecticides
«acceptable» pour la santé du consommateur européen. Il s’agit en termes
rébarbatifs de 0.005.
Empressons-nous de relever que, encore une fois, c’est sous une pression
étrangère que des problèmes locaux graves, relevant parfois de santé publique,
trouvent une ébauche de solution.
Pour revenir à la problématique des maltaises, cette année, si on croit les
prévisions officielles, la production des maltaises va accuser un recul. Elle
serait réduite à 115 mille tonnes contre 140 mille tonnes une année auparavant,
et ce en dépit d’une stratégie arrêtée, depuis 1998, aux fins d’accroître la
production de cette variété et de satisfaire les besoins du marché intérieur et
ceux à l’export.
Les résultats mettent du temps à se manifester, il faut en convenir. En
Tunisie, en l’absence de sanction et d’audit sérieux et professionnel, ils
mettent beaucoup de temps à se manifester. Leur effet d’annonce s’inscrit,
hélas, dans la durée et s’érige comme un éternel espoir.
Pour mémoire, le principal problème auquel se heurte les agrumiculteurs
producteurs de maltaises consiste en la lutte contre la cératite, une mouche
très nuisible qui attaque sans distinction l’arboriculture fruitière: oranges,
pèches, et autres fruits.
Le traitement de ce prédateur mérite d’être sérieusement évalué. Jusqu’ici,
le ministère de l’Agriculture, fidèle à sa réputation de mauvais agrumiculteur
-en fait mauvais agriculteur en tout-, s’est contenté de fournir gratis les
insecticides.
Mention spéciale pour le Cap Bon où les services agricoles, en retard de
plusieurs générations de techniques agricoles, interviennent par voie aérienne
pour atténuer les effets néfastes de cette mouche- bien retenir le terme
‘’atténuer’’ et non éradiquer.
Au passage, il faut imaginer en même temps l’effet dévastateur et non évalué,
jusque-là, de cet épandage aérien sur la santé de la communauté locale.
Des techniciens agricoles indépendants, et surtout objectifs, estiment que ce
traitement chimique n’a jamais abouti aux résultats positifs escomptés. Ils ne
recommandent le recours à ce traitement qu’exceptionnellement, et en cas de
nécessité. Ils proposent, par contre, ce qu’ils appellent la lutte biotechnique
à travers deux moyens : la chasse intensive de cette insecte et la lutte
biologique.
Un insectarium a été créé dans la zone de Beni Khalled. Il a reçu pour
mission de produire ce qu’on appelle des insectes utiles, celles-là même qui
seront capables d’éliminer les «méchantes cératites».
Autre mesure positive prise par le groupement interprofessionnel des fruits (GIF).
Elle consiste à fournir aux arboriculteurs fruitiers, encore une fois gratis,
des sachets en vue de collecter, à des fins de destruction, les fruits tombés et
affectés par la cératite. Le même GIF s’emploie, paraît-il, à éradiquer la
cératite dans les haies et brise-vents où cet insecte trouve abri et gîte pour
se régénérer.
Pour ne rien oublier, la Tunisie se propose d’exporter, à partir du mois de
janvier 2009, 25 mille tonnes de maltaises contre 27 mille tonnes une année
auparavant. Pour en finir avec le chapitre ennuyeux des statistiques, la Tunisie
exporte annuellement 20 à 23 mille tonnes de maltaises. Le marché français en
est le principal débouché.
Une stratégie serait mise au point pour éviter l’entreposage improductif des
maltaises tunisiennes, au port de Marseille, principal poste de transit de ce
fruit. Comme quoi, il n’y a pas que la cératite qui pose problème. C’est toute
la filière qui se débat dans des problèmes.