Crise du gaz : la Russie a arrêté tout transit par l’Ukraine

[07/01/2009 12:40:11] KIEV(AFP) (AFP)

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ôle de l’approvisonnement du gaz russe le 6 janvier 2009 à Brastislava (Photo : Samuel Kubani)

La dispute gazière entre Moscou et Kiev s’est encore envenimée mercredi, les deux pays s’accusant mutuellement d’avoir totalement paralysé l’approvisionnement en gaz des pays européens transitant via l’Ukraine, au moment où une intense vague de froid sévit en Europe.

A 07H44 en Ukraine (05H44 GMT), “la Russie a arrêté tout le transit par l’Ukraine”, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la société ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz, Valentin Zemlianski. “La Russie a laissé l’Europe sans gaz”, a-t-il accusé.

“La nuit dernière, l’Ukraine a coupé tous les gazoducs vers l’Europe”, a rétorqué le vice-président du géant gazier russe Gazprom, Alexandre Medvedev, lors d’un point presse à Berlin. Kiev “est seul responsable de la situation”, a-t-il ajouté.

Le transit de gaz par l’Ukraine représente un noeud énergétique vital pour l’Europe. Un quart du gaz consommé sur le Vieux continent provient de Russie, dont 80% transitait jusqu’ici par l’Ukraine.

Confirmant l’escalade, plusieurs pays européens comme l’Autriche, la Roumanie, la République tchèque, la Bulgarie (qui assure le transit vers Grèce, Turquie et Macédoine) et la Slovaquie ont annoncé mercredi matin qu’ils ne recevaient plus du tout de gaz russe via l’Ukraine.

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Le pipeline de gaz dans le village slovaque de Plavecky Stvrtok le 6 janvier 2009 (Photo : Samuel Kubani)

Au total, dix pays se trouvent désormais totalement privés de gaz russe. D’autres comme la Pologne, la France, l’Italie, la Turquie ou l’Allemagne ont été moins sévèrement touchés, mais leurs livraisons sont aux dernières nouvelles nettement inférieures à la normale.

Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a immédiatement réagi à l’annonce de la coupure dans une lettre envoyée à son homologue russe Dmitri Medvedev et au président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Le dirigeant ukrainien y appelle à “renouveler immédiatement le transit journalier de gaz vers les Etats européens dans les volumes et directions utilisées” en 2008 jusqu’à la conclusion de nouveaux accords entre Kiev et Moscou.

Si la crise paraît désormais encore plus grave que celle de janvier 2006, qui avait déjà conduit à une brève interruption des livraisons vers l’Europe du gaz russe, les analystes soulignent toutefois que ses protagonistes sont cette fois nettement mieux préparés et ont amassé des réserves pour les cas d’urgence.

Ce phénomène, bien que louable en soi, risque toutefois de faire traîner la dispute en longueur, note Andrew Neff, analyste de Global Insight dans une note: “Cette fois, tant Gazprom que Naftogaz semblent se préparer pour ce qui pourrait être une dispute plus longue”, alors qu’en 2006, la non-préparation des Européens les avait poussés à exiger un règlement très rapide de la crise, souligne-t-il.

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és par des coupures ou baisses des livraisons de gaz russe

Mardi déjà, un grand nombre de pays européens avaient fait part d’une brusque dégradation et pour certains d’un arrêt de leurs approvisionnements en gaz russe, malgré les assurances antérieures de Kiev et de Moscou que leurs approvisionnements n’auraient pas à souffrir de la crise.

La présidence tchèque de l’UE et la Commission européenne avaient qualifié la situation de “complètement inacceptable”.

L’exacerbation de la dispute mercredi paraît être un prélude à la reprise des négociations entre les deux pays, prévue jeudi à Moscou. Les pourparlers étaient interrompus depuis le 31 décembre au soir.

Le patron de la compagnie gazière ukrainienne Naftogaz, Oleg Doubina, a déclaré mardi qu’il se rendrait à Moscou jeudi pour y rencontrer son homologue russe de Gazprom Alexeï Miller, donnant ainsi le signal d’une probable reprise des négociations entre la Russie et l’Ukraine.

La Russie, premier producteur mondial de gaz, a cessé le 1er janvier d’approvisionner son voisin ukrainien en gaz après des négociations infructueuses sur le tarif à appliquer pour l’année 2009 et sur des arriérés de paiement.