[07/01/2009 16:58:09] BOMBAY (AFP)
à Hyderabad en Inde (Photo : Noah Seelam) |
Le fondateur et patron du quatrième groupe indien de logiciels et services informatiques, Satyam, a démissionné mercredi après avoir reconnu une fraude comptable d’un milliard de dollars, un mauvais coup porté à ce secteur qui a fait la renommée mondiale de l’Inde.
Le président B. Ramalinga Raju a admis dans un communiqué que sa société basée à Hyderabad (sud) –cotée à Bombay et à New York– avait falsifié ses comptes et fait artificiellement gonfler ses bénéfices sur plusieurs exercices. Son bilan comptable à la fin septembre 2008 fait état d’un excédent de 50,4 milliards de roupies (1,03 milliard de dollars).
L’action a immédiatement été massacrée à la Bourse de Bombay, dégringolant de près de 78% dans un marché en chute de 7,25% à la clôture.
La société est en pleine déconfiture depuis que quatre dirigeants, sur les 10 du conseil d’administration, ont démissionné en décembre, à la suite de l’acquisition avortée pour 1,6 milliard de dollars des entreprises indiennes Maytas Properties et Maytas Infrastructure.
M. Raju a admis que ce projet d’achat était “la dernière tentative en date pour remplacer des avoirs imaginaires par des vrais”. L’ex-président a présenté ses excuses à ses employés et actionnaires et s’est dit “prêt à faire face à la justice et à en assumer les conséquences”.
Déjà, fin décembre, la Banque mondiale (BM) avait interdit toute collaboration avec Satyam pendant 8 ans, en raison de sommes “indécentes” versées au personnel dirigeant.
Le scandale qui secoue Satyam “est un événement d’une magnitude effrayante et le premier du genre”, s’est alarmé C.B. Bhave, président du gendarme des Bourses d’Inde, le Sebi, cité par l’agence Press Trust of India.
“C’est inquiétant et perturbant, comme un coup de poing qui vous laisse inconscient. La fraude va avoir un impact à court terme” sur le secteur, a commenté pour l’AFP Bharat Iyer, expert de la banque JP Morgan, qui conseillait déjà de “vendre” le titre depuis la crise économique internationale.
Car l’informatique indienne et ses “quatre grands” –Infosys, Satyam, Wipro et Tata Consultancy Services (TCS)– est l’une des victimes en Inde de la crise financière mondiale partie des Etats-Unis, son principal marché.
Ce secteur, évalué à 50 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel et qui a longtemps profité de l’essor des délocalisations, souffre depuis deux ans de la hausse des salaires des ingénieurs indiens et de l’effondrement des commandes de clients américains.
Reste qu’actuellement la faiblesse de la roupie –au plus bas depuis cinq ans face au billet vert, à près de 50 roupies pour un dollar– favorise les exportateurs de logiciels car ceux-ci facturent en devise américaine la plupart de leurs clients et paient leurs frais d’exploitation en roupies.
Satyam, qui a des clients dans 65 pays, a dégagé un bénéfice net de 5,8 milliards de roupies (119 millions de dollars), en hausse de 42% sur un an au au deuxième trimestre 2008-2009 (année close fin mars 2009). Le chiffre d’affaires trimestriel a bondi de 39% à 29 milliards de roupies et Satyam tablait jusqu’à présent sur une hausse de 20% du chiffre d’affaires annuel, soit plus de 2,5 milliards de dollars.