Un des plus hauts responsables du groupe français Alstom (énergie et
transport), Philippe Mellier, président de la filière Alstom -Transport,
vient d’effectuer une courte visite en Tunisie (6 janvier 2009).
Objectif : explorer de visu le juteux futur marché du ferroviaire avant le
lancement d’un appel d’offres international, prévu pour mars 2009.
Le gouvernement va investir, d’ici 2016, quelque 3.200 millions de dinars
dans le ferroviaire. Point d’orgue du programme d’investissement, la
construction d’un Réseau ferroviaire rapide (RFR) d’une longueur de plus de
80 kilomètres. Le projet, qui a pour but de réduire le trafic automobile
dans le grand Tunis, de la capitale de manière significative, sera réalisé
en plusieurs lots.
Le premier lot consistera en l’aménagement d’un réseau prioritaire de 29 km
lequel sera mis en œuvre en deux tranches. La première sera opérationnelle à
l’horizon 2011. Elle comprend la ligne centre de Tunis- gare Gobâa (La
Manouba), et celle de Tunis-Centre-cité Bougatfa (en direction de Sejoumi –
Hassine). La seconde concerne également deux autres lignes : Tunis centre-
Bir El Kassâa et Tunis-Centre – Bourjel (en direction de la Marsa).
Selon l’étude de faisabilité technique menée par la Société du réseau
ferroviaire rapide de Tunis (Transfer), le RFR comptera 55 trains composés
de 10 rames pouvant atteindre une vitesse de 120 km par heure. Les trafics,
attendus à terme sur les lignes du réseau lourd RFR, dépasseront les 20.000
voyageurs par heure, par ligne et par sens au moment des pointes. Le RFR
sera opérationnel en 2010.
Le matériel sera de type suburbain rapide et électrique garantissant aux
voyageurs sécurité (télésurveillance) et confort (voitures dotés de moyens
de climatisation et de télécommunications).
Plusieurs entreprises européennes ont manifesté leur grand intérêt pour ce
projet de centaines de millions d’euros.
Pour des raisons d’harmonisation des équipements ferroviaires, le groupe
français Alstom semble bien parti pour remporter le plus gros lot du marché
du RFR.
Lors de son récent séjour à Tunis, M. Philippe Mellier s’est empressé
d’accompagner l’offre d’Alstom par le développement d’un partenariat
industriel à travers la création de joint-ventures spécialisées dans la
sous-traitance et la maintenance.
Pour mémoire, Alstom est déjà fort présent en Tunisie, avec ces deux
composantes : transport et électricité.
En 2008, il a remporté de juteux marchés : la réalisation d’une centrale
électrique à Ghannouch (contrat clé en main d’une valeur de 335 millions
d’euros), la fourniture d’une quarantaine de voitures Citadis au
transporteur terrestre TRANSTU, gérante du métro de Tunis et de
l’électrification de deux lignes ferroviaires desservant les banlieues sud
de Tunis. Concernant ce dernier projet, un consortium mené par le groupe
français Alstom a été choisi par la Société nationale des chemins de fer
tunisiens (SNCFT) pour installer l’infrastructure du réseau ferroviaire
rapide (RFR) qui reliera Tunis à Borj Cédria.
Le montant du contrat attribué à ce consortium s’élève à 97 millions de
dinars (54 millions d’euros). Outre, une sous-station qui alimentera le
réseau en électricité, Alstom réalisera des voies doubles s’étalant sur 23
kilomètres.
Seule zone d’ombre selon les usagers, les voitures Citadis d’Alstom ne
seraient pas adaptées au climat chaud tunisien. Ces usagers parlent de
«boîtes de sardines».
C’est peut-être une des raisons qui ont amené les autorités tunisiennes à
ouvrir le marché à la concurrence.
La Société nationale des chemins de fer de Tunisie (SNCFT) avait attribué
récemment à un consortium nippo-sud-coréen un contrat de 188 millions de
dinars pour l’acquisition de 76 voitures-voyageurs.
Ce consortium, composé de South Korea’s Hyundaï Rotem Co et de Sunnitomo
Corp, a présenté la meilleure offre parmi plusieurs groupes internationaux
dont Alstom et le groupe espagnol CAF.
La livraison de ces voitures d’une longueur de 41 mètres et au design très
moderne est prévue pour 2009.
Le RFR ne sera pas le seul projet ferroviaire. La stratégie de promotion de
ce mode de transport prévoit, également, l’extension du réseau du métro
léger de 3 nouvelles lignes qui s’ajouteront aux 5 déjà existantes. Les
nouveaux axes se présentent sous le schéma suivant : la ligne Kheireddine –
Bhar Lazreg (9,3 km), la ligne de desserte de la banlieue nord qui
concernera El Menzah, El Manar, Cité Ennasr via les Berges du Lac nord (7,8
km) et finalement la transformation en ligne de métro celle ferroviaire de
Tunis-Goulette-Marsa (TGM
Concernant les autres villes, une stratégie est mise au point pour
moderniser les infrastructures ferroviaires sur l’ensemble des lignes (Tunis
– Ghardimaou, Sfax – Metlaoui, Ghraïba – Gafsa ….). Il s’agit également
d’aménager la ligne ferroviaire de la banlieue sud de Tunis, à mettre à
niveau les structures d’accueil des gares, à développer l’activité
marchandises et à renouveler la voie sur les lignes Tunis – Ghardimaou et
Tunis – Kasserine).
A cette fin, la Banque africaine de développement (BAD) a accordé à la
Tunisie un prêt de 109 millions de dinars (74,44 millions d’euros). Ce prêt,
qui sera remboursé sur 20 ans, dont 5 ans de délai de grâce, avec un taux
d’intérêt fixe est destiné à financer 90% des coûts en devises des travaux
de réhabilitation et de modernisation des infrastructures ferroviaires et à
réaliser quatre études techniques ciblant les dimensions institutionnelles
du développement du réseau ferroviaire en Tunisie.
Le projet, dont le coût global s’élève à 121 millions de dinars, vise à
consolider l’infrastructure sur les différentes lignes.