Plus d’Etat et d’équité pour le capitalisme, plaident Merkel et Sarkozy

[08/01/2009 17:36:01] PARIS (AFP)

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ésident Nicolas Sarkozy (g), la Chancelière Angela Merkel (c) et l’ex-Premier ministre Tony Blair, le 8 janvier à Paris (Photo : Philippe Wojazer)

Les dirigeants français et allemand ont appelé jeudi lors d’un colloque à une plus grande collaboration entre Etats pour mieux réguler le capitalisme et éviter de nouvelles crises, ainsi qu’à plus d’équité et de responsabilité au sein du système financier mondial.

La crise économique “comporte une leçon: “aujourd’hui, pas même le plus puissant système national ne peut fonctionner sans une notion de gouvernance mondiale”, a déclaré l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair lors d’un colloque à Paris sur la régulation du capitalisme.

Certains pays en Europe éprouvent des “difficultés à renoncer à un peu de souveraineté nationale” mais “tout le monde en souffre”, car dans le monde d’aujourd’hui “aucun pays ne peut agir seul, même les Etats-Unis”, a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel.

“Regardez le G7, le soit-disant club économique du monde. Quatre pays européens, pas de Chine, pas d’Inde, pas de Brésil. Personne du Moyen-Orient ou d’Afrique”, a déploré M. Blair, co-organisateur du colloque avec le président français Nicolas Sarkozy.

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à Paris (Photo : Philippe Wojazer)

Le G8 (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, France, Etats-Unis, Japon, Canada, Russie) “n’est plus un groupe qui peut faire régner l’ordre” sur les marchés, a également martelé Mme Merkel.

Pour renforcer la gouvernance économique planétaire, elle a proposé qu'”en dehors du Conseil de sécurité (de l’Onu), on ait également un conseil économique qui fasse autre chose que l’ECOSOC”, le Conseil économique et social de l’ONU, “qui passe des mois, des années à rédiger certaines expertises”.

Elle suggère aussi la rédaction d’une “charte pour une économie à long terme raisonnable”, à l’image de la Charte des Nations unies sur les droits de l’Homme.

Pour autant, “l’anticapitalisme est une impasse” a fait valoir le président français, ajoutant que la crise appelle non pas à la “destruction mais à la moralisation” du capitalisme et à un rééquilibrage des “rôles respectifs de l’Etat et du marché”.

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ésident Nicolas Sarkozy (g) et la Chancelière Angela Merkel, le 8 janvier 2009 à Paris (Photo : Philippe Wojazer)

Il ne s’agit pas de “remplacer un défaut de règles par un excès de règles”, de supprimer le retour à l’endettement “qui exprime la foi dans l’avenir”, ni de priver le système financier de liquidités, mais de faire en sorte que le risque soit “bien évalué” et que “les banques fassent leur métier”.

“Le capitalisme, c’est la responsabilité”, et “il faut quand même trouver des responsables pour les milliards de dollars partis en fumée à cause du comportement de quelques-uns”, a affirmé le président français.

“Nous avons besoin de la volonté politique pour inciter les marchés financiers à ne pas prendre trop de risques”, a appuyé Mme Merkel, espérant que de nouvelles règles financières verront le jour “dès le mois d’avril”, et que “les acteurs des marchés financiers n’essaieront pas cette fois encore d’empêcher les politiques de mettre en oeuvre ces réglementations”.

Le G20, qui rassemble membres du G8 et pays émergents, se réunira le 2 avril à Londres dans la foulée du G20 de Washington le 15 novembre. Le ministre britannique des Finances Alistair Darling a invité jeudi à une réunion préparatoire le 14 mars ses homologues du G20.

Il n’y a à l’heure actuelle, “aucune autre possibilité” de lutter contre la crise” que “les montagnes de dettes que nous accumulons actuellement”, a reconnu Mme Merkel.

Mais une fois l’économie et le système financier relancés, “nous devrons travailler à une économie vraiment durable”, et “gagner vraiment ce que nous pouvons dépenser” et non pas emprunter aux pays émergents, pour que “le monde ait un peu plus de justice”, a-t-elle conclu.

Le prix Nobel d’Economie Amartya Sen a lui aussi jugé que le capitalisme, pour mieux fonctionner, devait se doter de valeurs telles que “la confiance mais également l’équité, l’humanité, pour un meilleur partage des fruits du progrès”.